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RÉPRESSION SYNDICALE

Les salariés toujours la cible de la judiciarisation de l’action syndicale

24 mai 2018 | Mise à jour le 29 mai 2018
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La répression systématique semble désormais faire partie de l’arsenal patronal et de l’exécutif pour contrer l’activité syndicale. Affaires judiciaires avec poursuites au pénal et décisions administratives contraignant le libre exercice de l'action syndicale et de l'action collective se multiplient au point de devenir (presque) banales. Les syndicats – au premier rang desquels la CGT – refusent d’entériner la criminalisation du mouvement social. Analyse.

Pour refuser la répression syndicale, la CGT menait, dès 2015, une campagne, simple et efficace : « Pas de conquête sociale sans libertés syndicales ». Celle-ci entendait dénoncer les attaques dont était victimes des militants, des responsables syndicaux (notamment de la CGT), mais aussi des salariés, qui étaient régulièrement déférés devant les juges pour avoir oser dire non.

Dans de nombreuses manifestations, on a vu les banderoles et les badges fleurir – « Syndicalistes, pas voyous » – qui donnait le ton, l'état d'esprit et l'ambiance actuels quant à la gestion des conflits sociaux et la criminalisation plus que rampante de toute forme d'action collective. Pour preuve ?

Les salariés d'Air France qui ont été condamnés, mercredi 23 mai, en appel à des peines de prison avec sursis dans l'affaire dite « de la chemise arrachée » en sont un exemple frappant. Ils sont devenus les boucs émissaires faciles d’une justice qui entend châtier ces mouvements de révolte des salariés, face à des directions qui font la sourde oreille devant leurs demandes.

Les syndicalistes envoyés en cour de justice

Le 23 encore, c'était un responsable syndical de PSA qui était rejugé pour une altercation avec un cadre. Condamné en juillet 2017 à six mois de prison avec sursis, il avait fait appel. Bientôt, ça sera le tour du secrétaire général de l'union départementale de l'Allier qui est accusé de diffamation en tant que lanceur d'alerte ! Laurent Indrusiak est en effet convoqué devant le tribunal correctionnel de Montluçon le 5 juin 2018 (un rassemblement est d'ores et déjà prévu à 13 heures sur place). Il y sera jugé pour pour avoir participé à dénoncer les conditions travail des employés de l'entreprise Environment Recycling, qui baignaient dans la pollution aux métaux lourds au risque d’y laisser leur santé ou leur vie. Faut-il alors se taire ? Impossible quant bien même ces attaques sont légitimées par un discours médiatique majoritaire refusant l'analyse et préférant les images chocs pour dénoncer une violence syndicale fantasmée (relire notre dossier dans le numéro de mai 2018, Le printemps des luttes). La vidéo de « l'attaque » contre l'hôpital Necker lors des manifestations contre la loi travail l'année passée est encore dans les têtes. Grandement aidé par le choix de responsables politiques de les monter en épingle, instrumentalisant au passage les familles des victimes du terrorisme, des enfants.

Le film de Stéphane Brizé, En guerre, avec Vincent Lindon, tente de répondre à une question simple, mais pourtant éludée par la plupart des grands médias dans le traitement des grèves, des occupations, des manifestations, etc. : pour quelles raisons – et quels mauvais traitements – les salariés arrivent-ils à un tel degré de colère ?

L'ensemble du mouvement social touché

À ces attaques contre les salariés, dans le monde de l'entreprise, pourrait être ajouté le traitement global de toutes celles et ceux qui manifestent. Avec la répression policière qui continue sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, et les blessés qui reviennent régulièrement à la une des journaux pour cette zone ou une autre. Avec les militants écologistes assignés à résidence pendant la COP 21, pour ce qui est de la thématique écologique. Et avec les répressions contre la jeunesse. Que ce soit les évacuations violentes des universités que les étudiants occupaient pacifiquement ou, dernièrement, le choix délibéré de faire passer des heures en garde à vue à des lycéens qui s'étaient rassemblés sans violence dans leur établissement, allant jusqu'à les confiner pendant des heures dans des bus en surchauffe et sans laisser les mineurs contacter leurs parents.

Le pouvoir fait le choix de la stratégie du choc, avec une répression brute, et brutale, et cherche à organiser le renoncement à la mobilisation, à l'action collective. Pratique de la nasse dans les manifestations, garde à vue à tout-va, décision administrative de privation de liberté, justice de classe contre des salariés qui ont eu pour seul tort de dire non. Une stratégie qui certes peut intimider mais ne fera jamais renoncer celles et ceux qui luttent pour défendre leurs droits et le progrès social et pour lesquels la force collective la CGT se mobilise.

Répression antisyndicale, discrimination, entrave… Ça suffitEn novembre 2016, la NVO publiait une enquête sur la répression syndicale et tentait d'établir une carte, hélas non exhaustive, des attaques contre les syndicalistes en France.