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Syndicalisme international

Les syndicats ukrainiens reçus par leurs homologues français

28 juin 2023 | Mise à jour le 28 juin 2023
Par | Photo(s) : Pierrick Villette
Les syndicats ukrainiens reçus par leurs homologues français

Un meeting était organisé par l'intersyndicale française, de solidarité avec le Peuple et des syndicats Ukrainien.

Après l'envoi d'un convoi humanitaire pour l'Ukraine cet hiver, l'intersyndicale française a invité ses homologues ukrainiens à un meeting de solidarité à la Bourse du Travail de Paris le 20 juin 2023. Durement éprouvés par la guerre qui sévit depuis plus d’un an dans leur pays, les syndicalistes s'inquiètent aussi des mesures antisociales du président ukrainien Volodymyr Zelenski.

« Soutien syndical à la résistance ukrainienne, pour la paix, retrait des troupes russes hors d'Ukraine. Solidarité avec tous.tes les réfugié.es ». Le slogan inscrit sur la longue banderole déployée ce 20 juin 2023 à la Bourse du Travail de Paris mettait en visibilité le travail engagé depuis un an et demi par une intersyndicale réunissant 8 syndicats : CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, FSU, UNSA et Solidaires. Depuis l'agression russe, c'est en effet dans une parfaite unité que de multiples initiatives ont été prises par les confédérations françaises pour venir en aide à leurs homologues ukrainiens. Les collectes de fonds ont ainsi permis d'offrir des camionnettes aux syndicats ukrainiens, mais aussi d'expédier plusieurs tonnes de matériel dont notamment de la nourriture pour enfants, du lait maternisé, des vêtements, des produits d'hygiène et enfin des appareils de chauffage et groupes électrogènes. Ces équipements ont été particulièrement précieux cet hiver, au moment où le réseau électrique ukrainien était visé par les bombardements russes.

Une solidarité syndicale et européenne

En février dernier, la NVO rendait compte de l'acheminement du convoi humanitaire intersyndical français. Reflet d'une mise en pratique de la solidarité syndicale internationale, c'est aussi avec l'aide du syndicat polonais OPZZ et de la municipalité de Narol, que le matériel venu de France a pu être stocké à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine. Par la suite, les syndicats ukrainiens FPU et KVPU ont pu  se charger de distribuer ces denrées à des centaines de familles dans le besoin. « Grâce à votre aide, des femmes et des enfants ont pu passer l'hiver » devait rappeler Nataliya Levytska, vice-présidente de la Confédération des syndicats libres d'Ukraine (KVPU) lors du meeting organisé à la Bourse du Travail de Paris.

Le droit du travail victime de guerre collatérale

Avec bon nombre de syndiqués déployés sur le front, la guerre a relégué au second plan l'activité des syndicats. Pour autant, une avalanche de textes remettant en cause le Code du travail est venue ajouter aux malheurs des Ukrainiens. Au-delà de l'interdiction des grèves et manifestations depuis l'invasion russe, deux projets de lois sont particulièrement inquiétants. Le premier autorise à augmenter le temps de travail jusqu'à 60 heures hebdomadaires, et le second  permet de licencier en dix jours. Ces deux mesures seraient limitées au temps de la guerre. Pour autant, le président Zelenski a aussi signé un texte en août 2022, qui autorise, y compris en temps de paix, à négocier des contrats de travail en dehors de toutes les garanties du Code du Travail et des conventions collectives.

 

Cette question du droit du travail touche aussi celle de la stabilité et de la paix intérieure des Ukrainiens

« Cette question du droit du travail touche aussi celle de la stabilité et de la paix intérieure des Ukrainiens » s'inquiète Mykhailo Volynets, président de la Confédération des syndicats libres d'Ukraine – KVPU. « Il est très difficile de continuer à travailler normalement dans une situation de guerre. Les syndicats ukrainiens analysent chaque texte présenté. Nous envoyons nos analyses aux entreprises et syndicats internationaux en dénonçant les dangers de ces restrictions. Aujourd'hui, les Ukrainiens sont obnubilés par la survie à cette guerre et la volonté de vaincre. Mais notre but de syndicalistes est de pouvoir expliquer aux gens qu'ils ont des droits à défendre malgré la guerre. Si on ne le fait pas, nous aurons beaucoup de problèmes après la guerre. De plus, il faut faire prendre conscience que ces reculs peuvent nous bloquer pour plus tard entrer dans l'Union Européenne. »

De son côté, Vasyl Andreyev, vice-président de la Fédération des syndicats d'Ukraine – FPU constate lui aussi le recul des droits pour les salariés, mais veut espérer un rétablissement des droits après la guerre : « Depuis le jour de l'invasion, la loi martiale a été instituée qui permet d'augmenter le temps de travail, d'imposer des jours de travail supplémentaires, voire la confiscation des biens personnels. Toutes ces mesures n'ont pas été appliquées et le peuple ukrainien s'est uni autour d'un seul but : la victoire. Nous avons perdu des droits, mais nous travaillons avec le gouvernement pour une nouvelle loi sur les conventions collectives qui entrerait en vigueur six mois après la victoire. Nous espérons donc tourner la page des lois régressives dès la victoire. Mais pour le moment, nous avons beaucoup de problèmes, 26% de chômage, de nombreux inaptes au travail avec les traumatismes et les morts, la destruction d'un tiers des capacités industrielles à l'Est du pays. »

Reconstruire le pays et ses droits

A n'en pas douter, l'après-guerre donnera lieu à d'autres batailles en Ukraine, mais cette fois sur le terrain syndical et politique. Les initiatives des syndicalistes ne laissent d'ailleurs pas indifférents les politiques ukrainiens. Pour preuve, l'ancienne première ministre Ioulia Timochenko, aujourd'hui parlementaire de l'opposition, qui a tenu à rendre une visite surprise à l'intersyndicale française qui accompagnait le convoi humanitaire en janvier dernier.

Lors du meeting du 20 juin à Paris, l'ensemble des syndicats français ont réaffirmé leur solidarité envers les syndicats ukrainiens. Ils ont notamment souligné que cette solidarité ne se limiterait pas à une aide humanitaire, mais qu'ils entendaient poursuivre leur soutien sur le terrain de la démocratie, du respect des droits sociaux et des libertés syndicales.