La fin de quatre ans de présidence Trump
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Ashwini Sukthankar : De nombreuses problématiques sociales ont émergé pendant la présidence Obama. Ce ne sont pas des questions purement syndicales, mais il est difficile de les séparer du syndicalisme. Je pense notamment aux plus de 2 millions de personnes reconduites à la frontière. C'est à l'intersection entre syndicalisme et immigration. Mon propre syndicat a vu certains de ses membres, des travailleurs de Chicago, expulsés du pays.
D'un autre côté, Obama a nommé de nouveaux conseillers au National Labor Relation Board (NLRB – Conseil national des relations syndicales) qui ont facilité l'apparition de nombreuses organisations syndicales. Cela a revitalisé le mouvement et permis au mouvement syndical de se developper de nouveau.
Nous avons atteint, ces dernières années, des extrêmes, et nous nous inquiétons beaucoup de ce que nous réserve la suite.
Ashwini Sukthankar : Mon syndicat est dans une position intéressante, dans ce contexte électoral. Nous menons deux luttes contre des entreprises de la marque Trump. La première dans un casino d'Atlantic City, désormais fermé depuis le 10 octobre, que Trump a ruiné tout en en tirant un large profit personnel, et en le revendant à un de ses amis, Carl Icahn. La seconde dans le Trump Hotel de Las Vegas, où le syndicat a remporté une élection, mais l'employeur refuse de reconnaître cette victoire et de négocier.
Nous avons organisé une grève à Atlantic City, qui a duré plus de trois mois. Pour Las Vegas, il est encore tôt pour savoir ce que vont faire les travailleurs, mais la loi, dans un cas comme celui-là – où l'employeur refuse de reconnaître le syndicat et de négocier avec lui – autorise le syndicat à appeler au boycott national contre les entreprises détenues en tout ou en partie par Donald Trump. Et cela inclut le droit d'établir des piquets devant ces établissements pour en informer les clients potentiels.
Ashwini Sukthankar : Le projet, au Wisconsin, concernait le secteur public. Dans d'autres États, même ceux où les syndicats sont très implantés comme au Michigan, des lois similaires cible le secteur privé. Ces lois rendent plus difficile le travail de syndicalisation, mais le Nevada, par exemple, où de telles lois sont en vigueur, est l'État où UNITE HERE est le plus implanté, avec 55 000 membres.
Il faut expliquer aux adhérents qu'ils ne doivent pas se désolidariser s'ils veulent conserver les acquis qu'impliquent d'avoir un contrat sous convention collective.
Sukthankar : Plusieurs de nos branches locales, comme à Los Angeles, ont bien compris que nous avons beaucoup à apprendre de ces mouvements et travaillent beaucoup avec Black Lives Matter. Dans notre branche, l'hôtellerie et la restauration, une majorité de nos adhérents était autrefois afro-américains, maintenant, ce n'est plus le cas. Ces questions concernent notre société, mais aussi nos membres directement et méritent qu'on se penche dessus au niveau national.
Nos employeurs profitent de certaines lois racistes qui leur permettent de demander, au moment de l'embauche, si les candidats ont déjà été condamnés au pénal. Une fois sa peine purgée, ça ne regarde plus personne. La combinaison d'un système pénal raciste et d'un système qui permette ce type de discrimination à l'embauche est extrêmement toxique.
Sukthankar : Nous avons décidé de ne soutenir personne pendant les primaires, mais aujourd'hui, nous soutenons officiellement Hillary Clinton. Elle est d'ailleurs venue nous soutenir en retour à Atlantic City, devant l'hôtel Trump Taj Mahal, elle est venue à Las Vegas devant le Trump Hotel. Donald Trump s'adresse beaucoup aux hommes ouvriers et blancs, mais la grande majorité de nos membres sont des femmes de couleur. Le choix, cette année, pour nous était absolument clair.
Quelques autres syndicats, comme un syndicat de la police ou des agents des douanes et de l'immigration, ont rompus les rangs et soutiennent Trump. Mais même en leur sein, des voix dissonantes se font entendre, comme les associations de policiers noirs qui ont dénoncé de soutien.
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