2 décembre 2020 | Mise à jour le 3 décembre 2020
La coordination StopLoiSécuritéGlobale, dont le SNJ-CGT, le SNJ, CFDT-Journalistes, le SGJ-FO et la Ligue des droits de l'Homme sont à l'origine, continue de revendiquer le retrait des articles 21, 22 et 24 de la proposition de loi « sécurité globale » et la réécriture du Schéma national de maintien de l'ordre. De nouvelles manifestations sont annoncées cette semaine, en particulier le 5 décembre.
« Quel cirque ! » C'est avec consternation qu'Emmanuel Vire, secrétaire général du SNJ-CGT, accueille l'annonce de Christophe Castaner sur l'avenir de la proposition de loi « sécurité globale », après le sec recadrage de Gérald Darmanin par Emmanuel Macron.
Le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale et ancien ministre de l'Intérieur explique en effet vouloir désormais « proposer une nouvelle écriture complète de l'article 24« . Tout en maintenant que ce dernier « poursuit deux objectifs : mieux protéger les forces de l'ordre » et « préserver sans aucune réserve la liberté de la presse ».
« La majorité explique qu'elle va réécrire l'article 24, alors qu'elle n'a plus la main. »Emmanuel Vire, SNJ-CGT
« C'est une grosse manipulation, dénonce Emmanuel Vire. La majorité à l'Assemblée explique qu'elle va réécrire l'article 24, alors qu'elle n'a plus la main sur cette proposition de loi, qu'elle a votée et qui est examinée en procédure accélérée [avec une seule lecture, NDLR]. »
« Ils essaient de sortir l'article 24 de la proposition de loi Sécurité globale… pour mieux inclure ses dispositions dans l'article 25 de la loi sur le séparatisme », souligne la coordination StopLoiSécuritéGlobale. Cette dernière, après l'énorme succès des mobilisations du 28 novembre, appelle à une Marche des libertés et des justices le 5 décembre à Paris « et partout ailleurs le même jour ».
« Mépris pour les organisations syndicales et les parlementaires »
Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT, voit dans « l'amateurisme » et « la panique » du gouvernement un point commun avec l'épisode de la retraite par points. « C'est leur façon habituelle de faire : ils s'enferrent dans des propositions ou projets de loi contestés par la population et au fil du temps et des débats, ils perdent assez rapidement la bataille des idées. Par manque d'arguments et parce qu'ils ne veulent pas entendre et écouter. Tout cela démontre leur mépris pour les organisations syndicales et les parlementaires. »
Le SNJ-CGT, les trois autres syndicats représentatifs de journalistes (SNJ, CFDT-Journalistes et SGJ-FO) et la Ligue des droits de l'homme sont à l'origine de la mobilisation contre la loi « sécurité globale » et de la création de coordination nationale StopSécuritéGlobale.
Celle-ci regroupe désormais des dizaines de confédérations, dont la CGT, syndicats, associations, comités et collectifs, qui dépassent de loin le monde des journalistes et des médias, avec notamment des organisations de défense des droits humains, des Gilets jaunes ou des familles de victimes des violences policières.
« Un ovni dans le mouvement social de ces dernières années »
« Cette coordination est un ovni dans le mouvement social de ces dernières années », sourit Emmanuel Vire, comblé qu'elle ait convaincu 500 000 personnes de descendre dans la rue le 28 novembre, dans près de cent villes dans tout le pays. « Le pouvoir est fébrile, assure Céline Verzeletti. Il ne s'attendait pas à des mobilisations aussi fortes, d'autant plus en situation d'état d'urgence et de crise sanitaire ». Les revendications de la coordinations restent inchangées : retrait des articles 21, 22 et 24
e la proposition de loi « sécurité globale » et réécriture complète du Schéma national de maintien de l'ordre (SNMO), qui portent atteinte aux libertés de manifester, d'expression, d'informer et d'être informé.
La coordination annonce que « les actions se multiplieront » et que « des rassemblements ou manifestations sont déjà prévus dans de nombreuses villes cette semaine, souvent en convergence avec les actions menées dans le cadre de la journée nationale contre le chômage et la précarité ».
Elle ajoute : « Violences sociales, répression et violences policières, dont l'invisibilisation serait facilitée par ce projet de loi, font partie d'une même politique d'injustices visant certaines populations. » « Ça ne va pas s'arrêter là. Il se passe quelque chose, ça fait du bien », commente Céline Verzeletti, qui souligne l'implication de « collectifs de quartiers populaires ». « Il faut qu'on arrive à continuer de travailler ensemble, pour porter des revendications sur les libertés publiques, mais aussi sur les urgences sociales », conclut-elle.