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Née en 1830, fille d'un noble et d'une servante, Louise Michel est une « bâtarde » qui, malgré cela, reçoit une éducation aimante et républicaine au château de Vroncourt (Haute-Marne). Son brevet d'institutrice en poche, elle commence par créer plusieurs écoles libres, parce qu'elle refuse de prêter allégeance à Napoléon III.
Arrivée à Paris en 1856, elle s'avère une pédagogue hors normes, « elle adore son métier et l'exerce avec des méthodes originales, elle fait jouer des pièces de théâtre à ses élèves, elle leur montre des animaux, et ses élèves l'adorent parce qu'à Montmartre, c'est la misère terrible, ces petites filles ont faim et elle leur donne à manger en même temps », explique Xavière Gauthier, philosophe, auteure et spécialiste de Louise Michel, dans l'émission Autant en emporte l'Histoire de France Inter.
Les lettres qu'elle écrit toute jeune fille à Victor Hugo disent qu'elle veut être poète, qu'il est son modèle. « Toute sa vie, elle a écrit des vers, des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, un opéra, des essais, le début d'une encyclopédie, tous les genres littéraires », explique encore Xavière Gauthier.
Embarquée à bord du bateau Virginie pendant cinq mois – lors de sa déportation en 1873 –, elle échange des poésies avec le libelliste Henri Rochefort ; une fois arrivée en Nouvelle-Calédonie, elle nouera également une relation épistolaire avec Georges Clémenceau qui l'a en admiration. Mais quand celui-ci lui offre de la faire amnistier, elle refuse de se dissocier de ses compagnons d'infortune : « Faut-il le rappeler encore ? Arrière les lâches qui implorent, jamais je ne sortirai d'ici qu'avec tous. »
Institutrice à Montmartre, lieu de misère où s'organise la contestation, elle devient vite républicaine et préside le Comité de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement. Son engagement révolutionnaire éclate durant la Commune de Paris. Le 18 mars 1871, quand des soldats envoyés par Adolphe Thiers se disposent à aller récupérer les canons à Montmartre, au pied de la butte, elle alerte les femmes du quartier.
Rattrapant les soldats sur la butte, celles-ci leur font face et fraternisent avec ceux qui sont censés leur tirer dessus. C'est le début de l'insurrection. Surnommée la « Vierge rouge » pour son inlassable activité, son énergie et son charisme, elle sera aussi bien propagandiste, animatrice d'un club politique, ambulancière, et participera à la plupart des combats contre les troupes de Versailles.
Arrêtée le 24 mai 1871, c'est en Nouvelle-Calédonie en exil que, devenue anarchiste, elle soutient la population canaque dans sa lutte pour l'indépendance. En 1880, l'amnistie générale des « crimes commis » sous la Commune l'autorise à regagner la métropole.
« Vierge rouge », « louve avide de sang », « criminelle sanguinaire », « pétroleuse » ou « indomptable combattante du socialisme », « anticolonialiste », « féministe » « écologiste avant l'heure » : ses détracteurs l'ont caricaturée, quand ses camarades ou ses héritiers et héritières ont su louer la femme et ses combats.
Une chose est sûre, Louise Michel est l'une des figures qui incarnent la Commune de Paris dans la mémoire collective autant que dans les livres d'histoire. Femme lettrée, cultivée, libre et entièrement engagée en faveur de la révolution contre l'ordre établi par les puissants, elle est autant devenue une icône de la lutte en faveur de la justice sociale que de celle pour l'émancipation des femmes.
Dans son film, Louise Michel, la rebelle , qui se concentre sur sa déportation en Nouvelle-Calédonie, la cinéaste Solveig Anspach en fait un portrait complexe, mais absolu dans son engagement pour l'égalité de l'humanité. Et conclut son récit par cette citation : « La révolution sera la floraison de l'humanité comme l'amour est la floraison du cœur. »
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