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« Pas question de baisser les droits des chômeurs »

26 septembre 2018 | Mise à jour le 27 septembre 2018
Par | Photo(s) : Thierry Nectoux
« Pas question de baisser les droits des chômeurs »

Muriel Pénicaud, ministre du Travail, a présenté au patronat et aux syndicats les grandes lignes de sa lettre de cadrage pour des négociations Unedic. Denis Gravouil, négociateur CGT, explique que le gouvernement vise surtout à obtenir une réduction de l'indemnisation des précaires. Interview.
La ministre du Travail a reçu patronat et syndicats vendredi 21 septembre, que vous a-t-elle annoncé ?

Denis Gravouil Nous avons été reçus, mais nous avons d'abord dénoncé la méthode du gouvernement. Il prétend qu'il y a un diagnostic partagé sur la situation du chômage et la précarité. Or ce n'est pas du tout le cas. Nous ne partageons pas l'analyse du gouvernement et du patronat. On pensait aussi qu'il s'agissait d'une journée d'échanges et de confrontation, mais en réalité il n'y a eu qu'une présentation orale des grandes lignes de la lettre de cadrage, désormais prévue par la loi. La seule orientation est de faire des économies sur le dos des chômeurs en abaissant leurs droits. Le gouvernement habille cela de considérations pour favoriser le retour à l'emploi, et ce alors que jamais une étude scientifique et sérieuse n'a prouvé que baisser les droits des chômeurs facilitera leur retour au travail.

L'exécutif affiche un objectif d'au moins 3,9 milliards d'économies en trois ans. Comment l'analysez vous ?

C'est une attaque contre les droits des chômeurs, et ceux qui sont particulièrement visés sont les travailleurs précaires. Vis-à-vis du patronat, le gouvernement se contente de lancer un appel à la « responsabilisation » des entreprises sans l'assortir d'obligation. Il l'assure même que le volume des cotisations patronales ne bougera pas, mis à part une éventuelle modulation sur les contrats courts. Les économies reposent donc uniquement sur des baisses de droits.

Les personnes ayant une activité réduite, les CDD, les temps partiels, les petits boulots seront les premières victimes de ces économies. Les chiffres du chômage montrent que les chômeurs de catégories B et C (activité partielle) ne cessent d'augmenter. Ils sont 2,2 millions dont environ 800 000 indemnisés. Or la lettre de cadrage indique qu'elle va cibler trois points ; les droits rechargeables, le calcul de l'allocation et les règles d'activité conservée. Pour résumer, il s'agit bien de faire payer aux travailleurs précaires leur situation.

Avec une telle lettre de cadrage, les négociations pourront-elles avoir lieu ?

Cette question n'est pas tranchée. La CGT va consulter ses organisations et il en sera débattu lors de la commission exécutive confédérale qui se tiendra mardi 2 octobre. Le bureau confédéral a cependant déjà émis un premier avis : pas de négociation de baisse de doits. Nous avons maintenant aussi l'enjeu de convaincre d'autres organisations syndicales. FO a annoncé qu'il rendra sa décision lors de son Comité confédéral national qu'il tient cette semaine. De leur côté, CFDT et CFTC n'ont pas encore annoncé leur position. Pour autant, l'ensemble des organisations syndicales déclare qu'il est inacceptable qu'on ne prévoit que des baisses de droits.

Quelles revendications la CGT porte-t-elle sur ce dossier ?

La CGT porte le nouveau statut du travail salarié (NSTS), autrement dit la réactualisation de la revendication du Conseil National de la Résistance qui prévoit que tout le monde ait un revenu de remplacement. Or, nous sommes tombés à 42,8 % de chômeurs indemnisés. On constate donc que l'assurance chômage ne remplit pas son office. Nous proposons l'abaissement à deux mois du seuil d'ouverture de droits pour les primo entrants, et l'allongement de la durée d'indemnisation pour une série de personnes, notamment pour les plus de 50 ans.

Dans le même temps, il y a une question cruciale avec l'égalité hommes/femmes. L'égalité salariale rapporterait 5 milliards par an à l'Unedic. Cela règlerait déjà beaucoup de problèmes. Parmi les solutions, nous proposons aussi de déplafonner les cotisations, cela rapporterait entre 600 et 800 millions d'euros à l'assurance chômage. Enfin, il faut aussi interroger toutes les exonérations patronales, en faire le bilan et remettre en cause celles qui ont été des cadeaux au patronat.