La sidérurgie souffre, des propositions existent
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«Le Medef parle d'un million d'emplois? Nous, on va lui répondre bassin d'emploi par bassin d'emploi avec des projets industriels et des projets d'embauche… On va relever ce défi.» Ton offensif, vendredi 6 février, lors de la conférence de presse donnée à Marseille par la fédération de la métallurgie CGT et plusieurs syndicats CGT du secteur dans les Bouches-du-Rhône. Aux côtés de Marc Bastide (fédération de la métallurgie) et de Patrick Castello (réparation navale), des délégués syndicaux d'ArcelorMittal, Renault, PMA, Eurocopter ou encore Gemalto.
Premier des «défis» annoncés, la formation professionnelle. Avec 37 500 salariés directs dans la métallurgie sur le département, l'enjeu est de taille. «Le patronat de la métallurgie, parce qu'il veut faire de la valeur ajoutée, ne veut embaucher que des bac +2 et ne s'intéresse plus aux CAP et aux BEP, déplore Marc Bastide. Cela revient à envoyer des jeunes dans l'économie parallèle. Un scandale… La possibilité existe de créer de nouvelles perspectives.»En l'occurrence, la CGT propose de réfléchir à la création d'une «école de la réparation navale et des métiers de la mer», d'ouvrir des sections dédiées dans les cursus de l'Éducation nationale, d'«adapter» des formations existantes aux spécificités de la métallurgie navale (plombier, menuisier, sellier, électricien…), de reposer la question des chantiers de déconstruction des navires périmés, etc.
Et de pointer l'obsession patronale de «tirer vers le bas une industrie qui doit être maintenue et développée». ArcelorMittal, rappellent Olivier Dolot et Sébastien Thomas, délégués syndicaux de la génération montante, comptait «3 500 salariés et 80 intérimaires avant la crise de 2008, avant de passer à 2500 salariés et 220 intérimaires aujourd'hui. Tout en gardant un même niveau de production industrielle».
D'où ce deuxième défi, la défense des garanties collectives. Attaque des retraites, affaiblissement des prud'hommes et des CHSCT, via le projet de loi Macron, refus de relever les salaires de manière significative… «Dans cette conjoncture, pas question de lever le pied», indiquent les représentants syndicaux qui entendent sensibiliser l'ensemble des salariés en «portant des revendications et des propositions». Et en s'appuyant sur des luttes récentes qui ont permis de maintenir l'emploi et l'industrie.
La réouverture prochaine de la «forme 10» en est l'illustration. Forme de radoub (bassin d'entretien et de réparation des navires) la plus grande de Méditerranée (465 mètres de long sur 80 mètres de large) et l'une des trois plus imposantes au monde, elle peut accueillir les plus gros navires en circulation. «On avait parlé, un temps, de la boucher… Aujourd'hui, on en est à préparer son inauguration le 1er septembre. Autant dire demain!
Et c'est là une revendication de plus de vingt ans qu'on n'a jamais abandonnée», se félicite Patrick Castello, inscrivant cette victoire dans la lutte de la réparation navale (503 jours d'occupation en 2009-2010). «Personne n'y croyait, rappelle-t-il, mais on a réussi à reconstruire un projet industriel, impliquant une centaine de personnes…»
À cela s'ajoutent les bons résultats recueillis par la CGT lors des récentes élections professionnelles dans des entreprises du secteur de la région. Marc Bastide y voit la preuve que la «confiance des salariés» est là. Le local de la réparation navale où se tenait la conférence de presse deviendra la nouvelle Maison des métallos des Bouches-du-Rhône. Dans une rue où se sont longtemps concentrées les entreprises de la réparation navale du port. Et au cœur de ces quartiers nord, longtemps les plus industrialisés de la ville, aujourd'hui laissés pour compte et stigmatisés, dont la jeunesse attend elle aussi du travail pour l'avenir. Des convergences «potentielles» qu'ont tenu à souligner tous les métallos présents.
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