Technip France mise en demeure
9 août 2018 | Mise à jour le 9 août 2018
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Suicides, dépressions, démissions… Après trois décès, dont l'un reconnu en accident du travail, l'entreprise Technip France, dont les salariés subissent les conséquences de restructurations incessantes depuis trois ans, est mise en demeure par l'Inspection du travail de mettre en place un plan d'action pour y remédier d'ici la fin de l'année.
C'est avec la bénédiction d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, que s'est déroulée en 2015 la fusion-rachat de Technip France (services pétroliers, 3000 salariés) par l'américain FMC Technologies. Trois ans après, ce qui était présenté comme un mariage entre égaux s'avère une prise de contrôle de la partie française par l'entreprise américaine. Si l'opération se solde par un fiasco du point de vue économique, elle se révèle aussi dramatique du point de vue social et managérial.
Jusqu'au suicide
A cours de ces trois dernières années, les syndicats CGT et CFDT ont multiplié les actions pour dénoncer des réorganisations délétères, la dégradation des conditions de travail et une situation anxiogène à l'origine de dépressions, de démissions, de ruptures conventionnelles et enfin de trois suicides.
Un lien a été effectivement reconnu par l'Inspection du Travail entre ces suicides et le travail. L'un d'entre eux – qui a eu lieu sur le lieu de travail à la Défense – a même fait l'objet d'une reconnaissance en accident du travail. Malgré cette situation, la direction avait cru bon contester en justice une expertise demandées par le CHSCT, et s'est fait débouter par le TGI de Nanterre…
Soutien de la Direccte
Au cours de ces dernières semaines, les évènements se sont accélérées. Le 25 juin, les syndicats ont décidé de porter à nouveau l'affaire en justice et ont reçu le soutien de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Direccte) , qui, constatant le non-respect de l'entreprise de son obligation de prévention des risques psychosociaux met en demeure Technip France de réaliser une évaluation des risques d'ici la fin de l'année.
Une audience est prévue en septembre, mais une médiation judiciaire pourrait avoir lieu d'ici là.
La situation de Technip France montre ici encore toute la pertinence du rôle que peuvent jouer les CHSCT dans des situations similaires. L'affaiblissement de cette instance représentative du personnel issue des ordonnances Macron ne doit rien au hasard.