Castex rend le télétravail obligatoire après les fêtes
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Le télétravail a été ostensiblement promu par le gouvernement qui en a fait une des clés du déconfinement. À la fois pour minimiser les déplacements, mais aussi pour sortir le plus de salariés possible du dispositif de chômage partiel. Selon une enquête de la CGT des ingénieurs, cadres et techniciens réalisée avec les statisticiens syndiqués CGT de la Dares et de la Drees, 37 % des télétravailleurs sont des ouvriers/employés, 25 % des professions intermédiaires et 38 % des cadres – alors qu'ils représentent 18 % de la population active.
Paradoxalement, alors que ce mode d'organisation du travail a fait l'objet d'un accord national interprofessionnel (ANI) en juillet 2005 – donc il y a quinze ans –, il a été mis en place mi-mars dans la précipitation et dans l'impréparation, faute d'avoir fait l'objet de négociations et d'accords dans toutes les entreprises. Il s'est imposé « en mode dégradé », a résumé l'Ugict-CGT.
Ainsi, un tiers des télétravailleurs n'ont pas été dotés par leur employeur en équipement informatique. Près de huit sur dix d'entre eux ne disposent pas de droit à la déconnexion, la presque totalité (97 %) n'a pas d'équipement de travail ergonomique et un quart n'ont pas d'endroit où s'isoler. Confinement oblige, avec la fermeture des crèches et des écoles un tiers des télétravailleurs, notamment les femmes, ont dû télétravailler en gardant les enfants.
La promotion du télétravail en situation de crise ne peut donc faire oublier les inégalités femmes-hommes, notamment pour ce qui touche au partage des tâches, et la prédominance des femmes en cheffes de familles monoparentales qui ont dû assumer seules. D'ailleurs, selon une étude menée par Terra Nova et Res Publica, le profil du télétravailleur désenchanté par cette période est une femme, jeune, âgée de moins de 50 ans, qui n'avait jusqu'à présent jamais travaillé depuis son domicile.
Dans ce contexte épidémique, le télétravail a aussi révélé ses limites. L'enquête de l'Ugict-CGT met en avant des ressentis difficiles : « sentiment d'isolement, […] surcharge de travail, […] perte de sens et qualité empêchée, […] dégradation de la santé physique et mentale, […] manque d'échange et d'informations » ou, au contraire, des problèmes d'infobésité, de « manque d'échange avec la hiérarchie »…
Bref, des vécus difficiles, déjà pointés en travail présentiel, ont été amplifiés. Le télétravail nécessite donc, en effet, de penser l'organisation du travail et le management « à partir de ce que sont, aujourd'hui, les usages des nouvelles technologies », préconise l'Ugict-CGT. Penser le management, mais aussi ouvrir une nouvelle négociation à la lumière de la période que nous venons de vivre.
Car l'ANI sur le télétravail datant de 2005 et, comme l'indiquaient déjà les conclusions de la concertation sur le télétravail en juin 2017, « il est nécessaire de construire les nouvelles protections pour accompagner les évolutions liées aux nouvelles conditions d'exercice du télétravail », estime Jerôme Vivenza, membre de la commission exécutive de la CGT en charge du dossier.
Mais pour l'heure, le Medef n'a pas l'intention de remettre l'ouvrage sur le métier avec une négociation débouchant sur un nouvel ANI. Tout juste a-t-il concédé une courte série de réunions de diagnostic avec les organisations syndicales, en juin, qui pourraient déboucher sur une synthèse. Ça ne mange pas de pain, mais pas sûr que le diagnostic tourne néanmoins à l'avantage des directions d'entreprises, tant la littérature produite dans la presse ces derniers mois fait état d'un désenchantement des salariés et d'un besoin de cadre clair.
Tirant au contraire les leçons de ce télétravail en mode dégradé, la CGT voudrait ouvrir un nouveau chantier permettant notamment la « clarification de règles juridiques applicables au télétravail, l'articulation entre télétravail régulier, occasionnel et informel, l'organisation du temps de travail, le droit à la déconnexion introduit dans la loi Travail à la faveur de la mobilisation ».
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