Les cheminots en grève ce 1er juillet 2021
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Le sujet est plus que sensible depuis l'accident de Brétigny-sur-Orge : la maintenance SNCF est-elle aujourd'hui suffisamment fiable pour garantir qu'un tel drame ne se répètera pas ? La publication dans le journal Le Parisien du 21 août 2019 d'extraits d'une étude de l'EPSF (le gendarme ferroviaire), qui pointe des centaines d'anomalies et de défauts de maintenance ferroviaire a suscité une réaction immédiate de la part du gouvernement.
Élisabeth Borne, ministre des Transports qui s'est exprimée dans la journée sur RTL et s'est voulue rassurante : « S'il y avait un problème de sécurité immédiat, l'EPSF pourrait arrêter un équipement ou une circulation et il ne l'a pas fait. » Reconnaissant par ailleurs que la situation était le résultat de décennies de sous-investissement dans le réseau, la ministre a garanti qu'il y aurait des correctifs « à court et moyen terme. »
Du côté des syndicats, on s'interroge sur les non-dits d'un rapport que l'on qualifie de « fantôme », car connu partiellement et uniquement au travers de médias, tandis que le document ne leur était pas accessible. L'EPSF n'a pas vraiment bonne presse auprès de la CGT puisque c'est « l'institution qui a validé la dérèglementation ferroviaire depuis des années », déclare la fédération CGT Cheminots.
La fédération ne cache d'ailleurs pas son scepticisme quant à l'instrumentalisation possible des révélations de ce rapport : « A-t-il vocation à accélérer la casse de l'outil public SNCF, à justifier la réforme de 2018, à entériner l'éclatement de l'entreprise, l'ouverture à la concurrence et la fin du statut des cheminots ? Au contraire, celui-ci aura-t-il pour effet de stopper la dérive ultra libérale qui vise à en finir avec les services publics en général et avec la SNCF en particulier ? »
Les problèmes de la maintenance ferroviaire sont au cœur des préoccupations syndicales depuis plusieurs années. Les révélations que la CGT a contribué à dévoiler dans le documentaire « Vérités et mensonges sur la SNCF » de Gilles Balbastre (2015) témoignent à la fois du souci de transparence des cheminots, de leur dévouement total et inaliénable à la sécurité ferroviaire, mais aussi des pressions auxquels ils sont soumis.
Une organisation du travail délirante dictée par la concurrence et la réduction des coûts, la sous-traitance en cascade, la diminution drastique des moyens matériels et humains touchent au quotidien des cheminot·e·s qui doivent parfois se battre contre l'absurde pour maintenir leur éthique professionnelle. Dans ce contexte, le statut apparaît comme un dernier rempart. La CGT Cheminots tient en effet à souligner la responsabilité du gouvernement et de la direction de la SNCF dans la situation actuelle.
Et de rappeler quelques chiffres : « la réforme de 2014 prévoyait le recrutement de 500 agents par an jusqu'en 2020, pour faire face au défi de la régénération des voies. Cet objectif n'a jamais été réalisé. » Et la CGT Cheminots de dénombrer pour 2018 la suppression de 285 agents pour l'entretien.
Depuis 2014, la sous-traitance augmentée de 35 % à la SNCF. En cinq ans, ce sont plus de 10 000 emplois de cheminots SNCF équivalent temps plein, qui ont été confiés à la sous-traitance. La fédération note encore que dans le cadre de la réforme dite du « pacte ferroviaire » de 2018, le gouvernement a fait le choix de concentrer les moyens sur les métropoles et d'abandonner les lignes régionales et de proximité.
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