Les cheminots en grève ce 1er juillet 2021
Après un premier appel à l’action le 22 juin 2021, la CGT Cheminots redémarre le train des grèves ce 1e juillet 2021 contre la privatisation et la casse de leurs conditions... Lire la suite
Incontestablement, la décision des quatre syndicats engagés dans le conflit de consulter les cheminots durant toute cette semaine leur a permis de reprendre la main. Depuis son annonce, cette « vot'action » à l'initiative de la CGT bouscule, interpelle les commentateurs et n'a pas manqué d'être immédiatement balayée du revers de la main par le gouvernement, qui lui dénie toute légitimité. De son côté, le président de la SNCF, Guillaume Pepy, juge aussi que cette « vot'action » n'a « aucune » légitimité, « personne ne pouvant confisquer le débat et le vote au Parlement ».
Évidemment, la tentation est grande de rapprocher le référendum d’Air France et la « vot'action » des syndicats cheminots en prêtant à ces derniers une volonté de surfer sur l'échec de la direction de la compagnie aérienne lors du référendum sur l'accord salarial minoritaire, voire de vouloir faire tomber la tête de Guillaume Pépy. Mais l'enjeu de cette consultation et son initiative syndicale n'ont rien à voir.
La vot'action et l'appel à durcir le mouvement ont pour objectif de ne pas laisser le gouvernement et Guillaume Pépy seuls maîtres de l'agenda et de la parole. « Le nom que nous lui donnons c'est vot'action parce que c'est à la fois un vote et une initiative qui contribue au mouvement en cours. On a tiré les leçons d'Air France, où le patronat a considéré que les salariés étaient écrasés par le fatalisme et qu'il pourrait faire passer n'importe quoi (…). À la SNCF on leur propose de montrer au plus grand nombre qu'ils sont hostiles à la réforme pour répondre à la direction de la SNCF », explique Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT cheminots qui estime que « la direction de la SNCF devra tirer les enseignements du référendum, notamment arrêter de dire que les cheminots soutiennent sa réforme ». À n'en pas douter, la direction de la SNCF ne va pas faciliter la tâche des syndicats durant ces prochains jours car l'enjeu de la participation sera déterminant.
La consultation a aussi pour fonction de poursuivre la mobilisation des équipes militantes pour aller rencontrer chaque cheminot. Elle offre à tous les salariés de la compagnie la possibilité de donner leur opinion alors que le texte de la réforme a été adopté à l'Assemblée et qu'il passera bientôt au Sénat. Elle leur permet, quel que soit leur degré d'engagement dans le conflit, de se prononcer. Personne n'ignore qu'une telle grève pèse lourd dans le budget de chacun en dépit du calendrier imaginé par les syndicats pour minimiser l'impact sur la fiche de paie. Alors que près de deux tiers des cheminots (tous collèges, tous services) s'inscrivent ou se sont inscrits dans le mouvement de grève, il ne saurait donc être question de laisser croire que la profession cheminote se serait convertie par le miracle des consultations gouvernementales aux bienfaits d'une réforme libérale dévastatrice pour l'entreprise. Les pourcentages de grévistes brandis par la direction ne permettent assurément pas de mesurer combien l'opposition à la réforme est très large dans l'entreprise.
On a vu par exemple une association de cadres supérieurs de la SNCF écrire à la ministre des Transports le 4 avril dernier pour dénoncer « le choix de livrer à la vindicte populaire les cheminots et à les mettre en cause en laissant entendre notamment qu'il y aurait un lien entre les récents dysfonctionnements de la SNCF et les cheminots (statut, organisation du travail, etc.). (…) Les cheminots, comme tous les travailleurs de ce pays, n'ont aucune raison de mériter cette mise au pilori ».
Cette neuvième séquence de grève et cette vot'action interviennent au lendemain des révélations du Parisien ce week-end. Le quotidien a pu consulter un compte rendu interne d'une réunion de travail qui s'est tenue le 4 mai entre des cadres de la compagnie et le cabinet du ministère des Transports. On y apprend que la compagnie ferroviaire a demandé au gouvernement de limiter l'incessibilité des titres de l'entreprise publique à la seule holding, ouvrant ainsi la voie à la privatisation de l'entreprise. Rien n'empêchant la direction de céder ou d'ouvrir le capital de SNCF Mobilités (qui gère les trains) ou de SNCF Réseau (qui gère l'infrastructure). Face à l'émotion qu'une telle révélation provoque, la majorité parlementaire a été chargée de rétropédaler ce lundi matin par la voix de Jean-Baptiste Djebbari, député LREM rapporteur du projet de loi sur la réforme ferroviaire. Il a juré sur RMC que l'« incessibilité » de la SNCF serait inscrite dans la loi, pour « ne laisser aucune place au fantasme de la privatisation », a-t-il poursuivi, précisant en avoir discuté dimanche avec la ministre des Transports, Élisabeth Borne. « Le gouvernement portera, je pense, un amendement au Sénat de manière à rajouter après la phrase “intégralement détenu par l'État” “et incessible” », a-t-il ajouté.
Une nouvelle fois, c'est donc une fuite qui révèle les véritables motivations d'une réforme, comme on avait pu le voir lors des pseudo-concertations préparatoires aux ordonnances sur la loi travail. Quand on connaît la discipline de vote et l'esprit godillot qui règnent dans les travées du groupe LREM à l'Assemblée, on peut se dire que les dénégations et les assurances du rapporteur du projet de loi n'engagent que ceux qui les croient. Fantasme ou pas, cette révélation et ce rétropédalage risquent bel et bien de nourrir les débats que les militants cheminots vont avoir toute cette semaine avec leurs collègues, grévistes ou non.
Après un premier appel à l’action le 22 juin 2021, la CGT Cheminots redémarre le train des grèves ce 1e juillet 2021 contre la privatisation et la casse de leurs conditions... Lire la suite
Opération pétition auprès des usagers depuis lundi 21 septembre dans les gares de Béziers et Narbonne, où les sections locales CGT des cheminots veulent sensibiliser les... Lire la suite