11 septembre 2018 | Mise à jour le 12 septembre 2018
Mardi 4 septembre, Alternatives économiques publiait l'appel de plusieurs économistes, signé par différentes personnalités pour défendre un investissement public vert. Une analyse de ce texte soutenu par la CGT, avec Fabrice Canet, membre de la commission exécutive confédérale.
Des dizaines de signatures d'économistes, d'élus actuels ou anciens, de responsables associatifs, de dirigeants syndicaux, de dirigeants d'entreprise étaient présentes dans un appel publié cette semaine par Alternatives économiques.
Avec le titre, « Libérons l'investissement vert ! » l'appel est une demande formelle au gouvernement de lancer de mettre en place au plus vite, un programme d'investissement public pour la transition écologique « dont le montant serait isolé du déficit budgétaire. »
Pour un retour de l'État aux commandes de l'économie
Et le contenu dans l'appel est direct : régulation, fiscalité écologique, direction des capitaux vers des « actifs durables », investissement aussi bien dans les constructions et les infrastructures que dans l'humain, par la formation. Presque aussi directe est la réponse déjà connue de la part du gouvernement, que de continuer à faire quasiment l'inverse…
Pour Fabrice Canet, cet appel ne pouvait mieux tomber. Dans le contexte politique actuelle lie à la démission de Nicolas Hulot et les déclarations qui l'accompagnent, ce texte permet de discuter de la problématique écologique sur le fond « au-delà des contradictions du personnage », car il portait réellement l'urgence.
L'écologie comme but, les droits sociaux comme moyen
« Derrière le mot de transition, on ferait croire qu'on a encore le temps pour changer de paradigme, alors que c'est l'inverse, nous devons aller vite ». Afin de concilier écologie et économie, l'appel affirme le poids de la macro-économie, et, à travers la question de la rénovation des bâtiments, il permet de voir la justice sociale, la précarité énergétique, la question de la balance commerciale également, avec la dépendance aux hydrocarbures importés.
Le texte précise qu'avec les 2 à 3 % du PIB préconisés par un rapport du think tank I4CE pour réaliser ces investissements, ce serait entre 45 et 75 milliards d'euros par an, contre 31 aujourd'hui. Et même ces 3 % seraient être pris en étau par des facteurs structurels de l'énergie, de la construction, de l'industrie françaises et conjoncturels. « Il faut donc un retour de l'État dans les décisions économiques, et il doit assumer de réguler. » Sans pour autant passer d'un tout-libéral à un tout-État car : « il faut que les citoyens et les travailleurs aient leur mot à dire. Au final ce sont eux qui savent ce qui est bon pour leur travail et pour la démocratie ».
Les libertés syndicales au service du bien-être de tous
Cela passe alors par une plus grande démocratisation de l'entreprise, par la protection des lanceurs d'alertes, des droits syndicaux, tout ça pour « accroitre les capacités d'action des travailleurs sur leur lieu de travail, pour la qualité de leur travail et contre une logique verticale ».
Cela permettra de mieux « questionner les outils comptables nationaux et ceux des entreprises » qui ne visent qu'à court terme et seulement le profit. « Pendant longtemps, l'écologie a relevé de l'utopie, on a dépassé ce stade », maintenant il faut articuler en permanence les questions sociales et écologiques afin de trouver un équilibre entre les deux, c'est ce dont parle l'idée du développement humain durable portée par la CGT.