Victoire historique des agents du nettoyage du campus de Jussieu
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C’est une de ces luttes syndicales emblématiques, à graver dans les annales du mouvement social. Par sa durée, d’abord : 22 mois dont 8 mois de grève, suspendue en juillet 2020 en raison de la mise à l’arrêt des activités hôtelières dans le contexte de la crise sanitaire. Par la ténacité de ces employées de la sous-traitance aussi qui, deux années durant, n’ont jamais renoncé à leur objectif : la fin de la maltraitance par l’amélioration significative de leurs conditions de travail.
Face au refus initial du donneur d’ordre, Accor Invest, d’ouvrir des négociations avec ces grévistes, au motif qu’elles étaient employées d’un prestataire sous-traitant, la société STN, ce conflit social menaçait de s’enliser. La détermination de ces femmes de chambre et gouvernantes a permis qu’il débouche en fait sur un protocole de fin de conflit , négocié entre Accor Invest, le sous-traitant STN, la CGT-HPE (hôtels de prestige et économiques) qui a soutenu, organisé et accompagné ces 20 salariés, ainsi que deux de leurs représentantes.
La mobilisation des femmes de ménage de l'Ibis Batignolles à Paris
Et toutes saluent un accord historique. Car, si ces salariées n’obtiennent pas encore la fin de la sous-traitance, elles gagnent cependant le droit à un traitement égal avec les salariés de l’hôtel donneur d’ordre. L’accord prévoit ainsi des augmentations de salaire de 250 à 500 euros / mois, l’instauration d’un panier repas de 7,30 euros / jour; l’augmentation des qualifications, le passage à temps plein de 7 salariées jusque là à temps partiel imposé et le passage en CDI de deux salariées en CDD, avec reprise de leur ancienneté.
Côté temps de travail, amplitude horaire et cadences, des améliorations très nettes sont actées : les contrats à temps partiel passent de 4h à 5h par jour minimum et le nombre de chambres par heure, de 3,5 à 3 pour les petites et à 2 pour les grandes. Les gouvernantes, qui contrôlaient 100 chambres par jour n’en contrôleront plus que 80, cela grâce à l’installation d’une pointeuse. Ce dispositif permettra également d’intégrer au temps de travail les minutes d’habillage et de déshabillage des femmes de chambre à qui deux tenues par an seront fournies par l'employeur (STN) qui en assurera aussi le nettoyage.
Elles ont aussi obtenu la réintégration de deux CDD qui avaient été rompus illégalement pendant la grève, le versement des salaires au plus tard le 5 du mois au lieu du 11 et la fin des mutations des salariés en restriction médicale, mais aussi la suppression d’un abattement de 8 % sur les cotisations sociales qui permettait à l'employeur de minorer ses contributions chômage, maladie et retraite, au détriment des salariées.
Ibis Batignolles : les femmes de chambre « déterminées » poursuivent leur grève
Seule revendication non-satisfaite, donc, l’intégration des salariées de STN à l’effectif direct d’Accor: « Ce n’était pas une finalité en soi, mais un moyen de forcer Accor à assumer sa responsabilité sociale de donneur d’ordre. Car fixer au plus bas les prix des prestations sous-traitées, c’est participer à la création d’un salariat de seconde zone aux conditions de travail parfois proches de l’esclavage, » précise Claude Lévy, de la CGT-HPE
La grève aura contraint le géant de l’hôtellerie à s’engager contractuellement à « faire garantir l'application des dispositions de l’accord par le sous-traitant », ainsi que par les éventuels futurs prestataires susceptibles de lui succéder et qui auraient pour obligation de reprendre les salariées de STN aux mêmes conditions.
En outre, les salariées de la sous-traitance pourront élire deux déléguées syndicales de site dotées de 15 heures de délégation mensuelle.
Très satisfaites du résultat de leur combat et de l’accord de fin de conflit qu’elles qualifient de « très bon », les 20 « guerrières » de l’Ibis Batignolles ont tenu à fêter leur victoire syndicale en lui offrant un maximum de visibilité. Arborant leurs insignes CGT, elles se sont rendues vendredi 23 avril, devant le théâtre de l’Odéon occupé (Paris 6ème) pour soutenir les professionnels de la culture et les intermittents de l'emploi en lutte pour leurs droits et contre la réforme de l’assurance chômage. Leur manière à elle de « lever le rideau » sur la précarité du travail et sur la réduction drastique des droits des privés d'emploi que cette réforme ne ferait qu’accentuer.
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