Alors que la France compte aujourd'hui moins de 6 millions de vaccinés contre 28 millions pour nos voisins Britanniques. Alors que chaque jour plus de 300 personnes meurent du Covid-19 dans l'Hexagone contre une trentaine seulement en Grande-Bretagne. Alors que quiconque tente d'obtenir un rendez-vous pour se faire vacciner comprend que notre système est complètement déboussolé, voici qui ne semble pas, mais alors pas du tout affoler le Commissaire européen Thierry Breton. « On n'aura absolument pas besoin du Spoutnik V » affirme doctement sur LCI le commissaire européen ce dimanche 22 mars 2021 qui ajoute : « Nous produirons 300 à 450 millions de doses en Europe jusqu'à la fin du second trimestre et pour le 14 juillet nous avons la capacité d'atteindre l'immunité collective au niveau du continent » .
Le dogme européen de la concurrence libre et non faussée atteint véritablement l'insupportable avec cette position qui coûte des vies humaines tous les jours. Au refus par Bruxelles que l'Europe puisse mettre dans le domaine public des vaccins pourtant mis au point avec de l'argent public s'ajoute désormais le refus de principe de l'achat d'un vaccin qui a le mauvais goût d'être russe. On se croirait revenu aux pires heures de la guerre froide. Et cela se passe au moment même où l'infectiologue américain Anthony Fauci (qui a dirigé la cellule Covid-19 de Donald Trump) reconnaît lui-même aujourd'hui l'efficacité du vaccin Spoutnik V. De quoi révolter y compris des dirigeants européens comme la Chancelière allemande ou le Premier ministre italien Mario Draghi qui ont déjà annoncé leur intention de passer outre l'avis de l'UE et décider eux-mêmes de la commande du vaccin russe en l'absence de position commune.
A ce jour, 56 pays dans le monde ont approuvé le vaccin Spoutnik V. On ne lui pas connaît pas pour l'heure d'effets secondaires graves. Une dose coûte environ 8 euros (il en faut deux). Seul l'Astrazeneca a un prix inférieur (7 euros), et il constitue la moitié des commandes en France. AstraZeneca et Spoutnik V ont aussi en commun d'être facilement transportables, contrairement au Moderna et au Pfizer qui nécessitent une conservation à moins 80e C, un frigo ordinaire suffit. En termes d'efficacité, l'AstraZeneca est situé entre 66,9% et 82,4% selon les sources, loin derrière le score attribué par The Lancet medical journal au Spoutnik V à 91,6%. Pfeizer et Moderna font un peu mieux (entre 94% et 95%), mais coûtent environ deux fois plus cher et posent d'importants problème de logistique.
« S’il s’agit d’une position officielle de l’UE, merci de nous informer qu’il n’y a aucune raison de solliciter une demande d’autorisation de l’Agence Européenne du médicament en raison de vos préjugés politiques », a réagi le fabricant de Spoutnik V aux propos du Commissaire européen. En attendant, la Hongrie, elle, a déjà autorisé le Spoutnik V sans attendre l'avis de l'UE. Dans ce contexte, on voit combien la France peut faire des choix différents selon son orientation politique. Si aujourd'hui encore nous bénéficions de la gratuité de la vaccination, c'est grâce à un ancien dirigeant de la CGT du nom d'Ambroise Croizat. Selon qu'on privilégie les intérêts des « big pharma » ou le bien commun, l'argent et le profit ou les vies humaines et la solidarité, c'est un tout autre monde de demain que l'on construit.
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