19 janvier 2017 | Mise à jour le 19 janvier 2017
Depuis juin 2016, sept organisations syndicales sont menacées d'expulsion des locaux qu'elles occupent depuis 33 ans à Évry. Une conférence de presse organisée le 17 janvier marque la première étape de la bataille unitaire qui s'engage pour sauver la maison syndicale des Essonniens.
Ils sont là depuis 1983 et entendent bien y rester. « Cette maison des syndicats, reconnue d'utilité publique, nous avons contribué à sa construction, au développement de son activité, à son rayonnement sur le département, nous n’accepterons donc pas de reculer », a déclaré Jean-Noël Lahoz, secrétaire général de l'union départementale FO de l’Essonne en ouverture de la conférence de presse de l'intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFTC, FSU, UNSA, CFE-CGC). Le ton était donné, à l'offensive toute, pour bien souligner la détermination des sept syndicats à préserver leurs locaux d’Evry. « Nous assistons depuis quelques années déjà à une remise en cause des droits et des moyens syndicaux. Partout les bourses du travail sont attaquées, comme l'ont été celles du Val-d’Oise et de la Seine-Saint-Denis l'an dernier. Alors, de là à y voir une volonté institutionnelle de museler les syndicats, il n'y a qu'un pas.. », expliquait Olivier Champetier.
Optimisation immobilière ?
Décidé arbitrairement par le président du conseil départemental, sans concertation préalable, sans solution alternative sérieuse de relogement, ce déménagement forcé et précipité – le préavis de résiliation du bail ne donne que six mois de sursis aux locataires– apparaît en effet comme le signe d'une volonté politique de priver les syndicats de leurs moyens d’agir, et les salariés des moyens de se défendre.
À moins qu'il s'agisse d'une opération immobilière spéculative ? La question se pose. Dans la presse locale, le président du conseil départemental aurait évoqué une stratégie d'optimisation immobilière, entendre par là des travaux de réfection des locaux du 12, place des Terrasses de l'Agora, à Évry, pour raisons de mise aux normes de sécurité. Le tout pour un faramineux montant de 6 millions d'euros. Mais dans ce cas, pourquoi expulser définitivement les locataires et pas simplement temporairement ? Sans compter que, laissés sans réponse à leurs demandes, les syndicats ignorent toujours à quoi correspondent les 6 millions d'euros. « Des travaux ont déjà été réalisés récemment, qui ont d'ailleurs permis la construction de l’auditorium. Quant à l'argument de la mise aux normes de sécurité, il ne tient pas puisque les nouveaux locaux proposés par le conseil départemental ne répondent pas à ces normes, et encore moins à nos besoins », a fait valoir Laurence Baudoin, de la CFDT.
Lieu de vie et de démocratie
Soulignant l'utilité publique de cette bourse du travail, reconnue de tous, la CFTC a tenu à pointer les méthodes de l'instance départementale, peu respectueuses de la démocratie et du dialogue social : « Nous n'avons jamais été interrogés sur nos besoins, n'avons pas eu la moindre négociation ni la moindre concertation. Le président a même carrément refusé de nous rencontrer pour passer en force. » Bref, autant d'arguments qui plaident pour intensifier la pression sur les élus du département. « Nous devons leur rappeler que cette maison ne leur appartient pas, pas plus qu'elle n'appartient aux syndicats, qu'elle est le bien commun des Essonniennes et des Essonniens, syndiqués ou pas, car ce sont eux qui en ont financé la construction avec leurs deniers. Et ce sont eux qui participent à la vitalité économique et sociale du département », a martelé le secrétaire général de la CFTC. Abondant dans ce sens, la CFE-CGC a appelé l'intersyndicale à organiser un mouvement général de soutien impliquant, au-delà des seuls militants et syndiqués, les salariés, les retraités, les citoyens. Telle pourrait être la prochaine étape marquante de cette bataille.
La CGT propose, à cette fin, la mise en place d'un comité de soutien : « L'idée est de permettre à des personnalités, élus politiques, intellectuels, artistes, de soutenir l'existence de ce lieu de vie de tous les citoyens et de donner de la visibilité à notre lutte, par exemple en relayant la pétition de l'intersyndicale, mais aussi en prenant des initiatives autonomes, hors du champ syndical », expose le représentant de la CGT.
Présent à cette conférence de presse, le maire d'Évry, Francis Chouat, est le premier adepte de cette démarche de mobilisation générale et citoyenne. Assurant l'intersyndicale de tout son soutien dans sa bataille pour la sauvegarde des locaux de la place de l'Agora, l'élu s'est engagé à intervenir en tous lieux pertinents, à commencer par le conseil départemental. « J'espère que nous aboutirons à un consensus républicain, pas seulement pour la défense des locaux syndicaux, mais pour que vive la démocratie en Essonne. »
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