La mobilisation s’impose toujours
Les syndicats se disent déterminés à être entendus par un gouvernement qui veut tourner la page et passer à d'autres réformes. Lire la suite
Alors qu'à quelques centaines de mètres de là, les nouveaux députés et nouvelles députées prenaient place pour la première fois à l'Assemblée, près de 1 100 manifestants se sont rassemblés sur l'esplanade des Invalides à Paris, à l'appel des syndicats CGT-FO-Solidaires-Unef-FSU, pour rappeler leur opposition à certaines réformes annoncées de ce début de quinquennat.
Ces réformes, promises par le candidat Macron lors de la campagne présidentielle, sont destinées à être menées au pas de charge : à peine investi, l'hémicycle doit se pencher, dès mercredi, sur la loi d'habilitation autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances sur la réforme du Code du travail.
« On ne pouvait pas rater cette occasion de faire entendre notre voix », explique Mimouna, déléguée CGT du personnel à l'APAHJ 94, « ces députés ne nous représentent pas, et ce président est un président par défaut ».
Même exaspération pour Jean-Philippe, ouvrier chez Airbus Helicopters en Île-de-France, qui déplore « un passage en force » de réformes pourtant majeures. « On ne consulte pas les salariés alors que ce sont eux les principaux concernés. » Ce qui l'inquiète, c'est la fragilisation du CDI, notamment via le plafonnement des indemnités prud'homales, la création du CDI de projet et l'allégement des conditions requises pour enclencher un licenciement économique. « Si la réforme passe, on sera comme des Kleenex : utilisables en fonction des commandes et jetables après. Un salarié qui s'est investi pendant des années pourra être viré sans rien ! »
Son camarade Guilhem abonde en dénonçant un « PSE déguisé » en cours dans l'entreprise d'aéronautique. « Depuis quatre ans, il n'y a aucune embauche, les apprentis ne sont pas embauchés, nous n'avons plus d'intérimaires et aucun départ n'est remplacé. » Il a peur qu'avec les prochaines réformes, le mouvement ne soit accentué.
Au fil des rencontres sur la grand-place parisienne, le témoignage de José Thomas lui fait écho. Venu avec une cinquantaine de collègues, le représentant syndical CGT au comité d'entreprise de Natixis s'interroge : « On peut se demander si Macron n'est pas là pour faire le ménage dans le secteur bancaire, mais aussi dans les autres secteurs. » Avant de prendre l'exemple de sa propre entreprise : « La digitalisation va causer 4 000 fermetures de postes via les retraites et les départs volontaires, si la direction peut licencier à moindre coût, pour elle, ça sera toujours ça de plus. »
« C'est un choix de société ultralibérale dont nous ne voulons pas », explique Lilou « au lieu de libéraliser l'économie, on pourrait libérer l'humain », propose-t-elle en faisant référence au temps et aux conditions de travail. Le financement ? Pas un problème pour cet agent des impôts : « Nous, on vous trouve 80 milliards demain si besoin, en abolissant les niches et en luttant contre l'évasion fiscale », mais cela requerrait plus de personnel. « De la fraude fiscale, il n'y a qu'à se pencher pour en trouver, mais nous manquons de personnel », abonde sa collègue Emmanuelle. Ensemble, elles sont venues manifester contre la disparition de la taxe d'habitation « qui va coûter cher aux collectivités locales et qui ne sera pas compensée par l'État », mais aussi contre la baisse des cotisations sociales et la hausse de la CSG, une opération non neutre pour elles. « Les cotisations sociales servent à l'assurance sociale, mais la CSG, qui est un impôt, pourra être affectée ailleurs, comme à l'armée. C'est une grosse arnaque ! »
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