19 août 2017 | Mise à jour le 17 juillet 2017
Sonia s'inscrit sur un forum littéraire virtuel et noue contact avec Knut. Leurs échanges vont prendre une tournure étonnante quand l'un abreuve l'autre de livres volés, en échange de confidences de plus en plus intimes. Captivant.
Sonia, 22 ans, vit avec sa mère, sa grand-mère et son petit garçon et s'ennuie ferme aux Archives nationales. Alors elle pianote sur Internet et s'inscrit sur un forum littéraire. Là, elle croise Knut qui semble avoir tout lu et qui lui propose un drôle d'échange. Une photo d'elle et il lui enverra tous les livres qu'elle souhaitera et même une sélection de son propre choix. Autodidacte, Knut se révèle être un curieux personnage, vivant toujours chez ses parents, ne cherchant pas à travailler, il vole à tout va pour Sonia. D'abord des livres qu'il lui expédie par dizaines, ne lui demandant que de lui rembourser les frais d'expédition. Il devient ainsi son conseiller littéraire, lui suggérant de se consacrer à l'écriture et louant ses premiers essais.
Peu à peu, il va se faire plus intrusif, lui posant des questions sur sa vie privée, l'appelant à n'importe quelle heure au point que Sonia cherche à s'en débarrasser. D'autant qu'elle vient de rencontrer quelqu'un avec qui elle se met en ménage. Mais elle est comme sous influence et reprend les échanges avec Knut qui vont se corser. Il lui envoie bientôt des dessous chics et des parfums qu'elle doit planquer au fond des armoires. Elle finira par vendre une bonne partie de ces cadeaux envoyés qui répondent aux fantasmes de l'expéditeur sans que ce dernier ne cherche à les assouvir finalement.
La force de Cicatrice, le deuxième roman de la jeune Madrilène Sara Mesa, est de nous embarquer dans une histoire intrigante. On ne se sait pas trop de quoi est faite cette drôle de relation entre soumission et domination qui va bien au-delà d'un simple jeu de séduction comme un piment indispensable pour sortir de son quotidien. On s'attache de bout en bout à ces deux personnages et à leurs liens tissés sur la Toile comme un point d'interrogation sur notre société où le virtuel supplante parfois la réalité.
Cicatrice de Sara Mesa. Traduit de l'espagnol par Delphine Valentin, Rivages, 223 pages, 22,50 euros.