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Aides sociales

Le choix des riches

1 juin 2018 | Mise à jour le 1 juin 2018
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Nouvelle attaque contre les plus précaires : Bercy souhaite remettre en cause les prestations sociales. Après avoir supprimé l'ISF pour les plus riches et pérennisé le CICE, il veut conditionner et réduire le versement des aides sociales.

Le gouvernement entend-il supprimer une partie des prestations sociales ? « Ce qui est certain, c’est qu’il y en a trop », a assuré le 29 mai Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics. Le lendemain, Édouard Philippe a tenté de calmer les colères, mais sans infirmer les propos de son ministre. « La question n’est pas du tout de savoir s’il y a trop ou pas assez d’aides sociales. La question est de savoir si notre modèle fonctionne, s’il est efficace pour lutter contre la pauvreté, s’il produit les résultats que nous espérons », a-t-il déclaré.

« Fainéants de chômeurs ! »

Gérald Darmanin partait d'un constat : « On a un système social qui, malheureusement, n’a pas réglé le problème de la grande pauvreté en France et qui n’a pas réglé non plus le problème de l’activation vers le travail ». Mais il en tirait des conclusions qui ne résolvent ni le chômage ni la pauvreté et au contraire les aggravent. Car le présupposé est toujours le même : s'il y a du chômage, ce ne serait pas du fait des fermetures de sites, des licenciements, des restrictions de service public, des politiques industrielles, des politiques de l'emploi… Ce serait le fait des privés d'emploi eux-mêmes. Discours usé jusqu'à la corde, mais resservi par ce gouvernement.

Parmi les cibles envisagées : les prestations sociales versées entre deux périodes d'activités. Pour Darmanin, « elles ne sont pas incitatives pour sortir de cette période d’inactivité ». Autrement dit, ces fainéants de chômeurs, comme dirait Emmanuel Macron, en profitent pour être (mal) payés à ne rien faire, plutôt que de chercher un emploi. Six millions de privés d'emploi, c'est six millions de fainéants qui ne font aucun effort pour en trouver un…

La prime d'activité, lancée en janvier 2016 pour remplacer le RSA-activité et la prime pour l'emploi (PPE) devait –promesse du candidat Macron – être revalorisée. Mais pour Darmanin, « En 2016, quand elle a été créée, c’était quatre milliards d’euros. Aujourd’hui, c’est six ». Alors pourquoi respecter les promesses de campagne ?

Dépenses pour les riches, restrictions pour les autres

Car pour Bercy, l'urgence, c'est de réduire les dépenses publiques. Enfin pas toutes. L'État n'hésite pas à dépenser en dizaines de milliards pour le CICE – même en faveur d'entreprises qui font des bénéfices et licencient pour préserver des marges à deux chiffres pour les dividendes de leurs actionnaires – ou encore pour supprimer l'ISF… Alors pourquoi ne pas prendre aux plus démunis, à ceux-là mêmes qui sont victimes de ces politiques ?

C'est ainsi que Le Monde rendait publiques le 18 mai les pistes de Bercy pour réduire les prestations sociales présentées dans un document interne : « Transformer les prestations sociales ». Parmi les scénarios envisagés (éventuellement cumulables) : la fin de l'indexation systématique des prestations sur l'inflation, la révision des règles d'éligibilité c'est-à-dire la fin de leur versement à certains des allocataires, ou encore le conditionnement de versement à la preuve de « démarches actives de recherche d'emploi ».

Après un printemps de mobilisations, le gouvernement envisage-t-il sérieusement de tenir bon sur un tel programme face aux mobilisations que susciterait un tel nouveau tour de vis austéritaire pour les plus précaires ?