4 avril 2019 | Mise à jour le 4 avril 2019
Déjà mobilisés depuis le début de l’année, notamment les 19 et 30 mars derniers, les enseignants sont de nouveau dans la rue aujourd’hui, 4 avril, à l'appel sept syndicats. L'opposition au projet de loi Blanquer, adopté à l’Assemblée le 19 février, qu'elles qualifient de « rétrograde et libérale » ne faiblit pas et pourrait même s'amplifier.
Il devrait y avoir des écoles, collèges et lycées fermés ce jeudi 4 avril… SNUipp-FSU, SNES-FSU, SNUEP-FSU, SNEP-FSU, FNEC-FP-FO, CGT Éduc'action et SUD Éducation appellent, dans un communiqué commun, à « faire du jeudi 4 avril un temps fort de mobilisations (grève, rassemblements, manifestations…) pour obtenir l'abandon du projet de loi [Blanquer] », actuellement en discussion au Sénat. Après s'être mobilisés les 19 et 30 mars derniers avec plusieurs associations de parents d'élèves dont la FCPE, les enseignants remettent le couvert pour s'opposer « à la politique éducative, rétrograde et libérale, conduite actuellement à marche forcée au mépris de leur expertise professionnelle et déjà sanctionnée par l'ensemble de la communauté éducative ».
Musellement des enseignants
En ligne de mire : le projet de loi « pour l'école de la confiance », un texte qui, selon eux, ne permettrait en rien d’améliorer la réussite de tous les élèves et bouleverserait radicalement le fonctionnement et la structure de l'école avec, notamment, la création de regroupements écoles-collège. « Ce projet de loi, dit sur “sur la confiance”, est en réalité précisément l’inverse, analyse en outre Matthieu Brabant, du bureau fédéral de la FERC CGT. Pour preuve, l’article 1 de la loi qui vise à réintroduire un devoir de réserve pour les enseignants quant à leur expression sur les réformes et autres. »
Les neurosciences au service d’un tri sélectif
L’autre aspect qui ne passe pas, c’est la volonté de recadrer les libertés pédagogiques des enseignants. Bien sûr, il y a des programmes mais chaque professeur a une marge de manœuvre dans sa classe. Or, il s’agirait d’utiliser de plus en plus les méthodes inspirées des
neurosciences dans les pratiques d’apprentissage. «
Nous ne sommes pas contre cet outil, réagit le syndicaliste, mais pas exclusivement. Nous ne sommes pas des robots, la vie n’est pas qu’automatismes. Les enfants ont une vie sociale et un environnement familial qui compte énormément dans leur développement. L’action pédagogique s’inscrit aussi là-dedans. » La CGT dénonce une logique de tri qui consisterait, le cas échéant, à reporter sur chaque enfant la responsabilité de son échec scolaire. Ce qui exclurait la prise en compte de son environnement social, allant à rebours des réflexions sociologiques bien connues de Pierre Bourdieu qui avaient démontré la tendance à la reproduction sociale du système scolaire français.
Mobilisations à venir
« Nos organisations sont engagées dans ces mobilisations, soutiennent les actions menées localement et appellent à les développer avec tous les personnels », préviennent les organisations syndicales à l'appel de la mobilisation qui construisent également d'autres actions locales pour la période de vacances par zone. Faisant le lien avec le projet de loi sur la fonction publique que vient d'adopter, le 27 mars, le conseil des ministres, elles rappellent en outre qu'elles sont « opposées à la réforme gouvernementale qui détruirait le statut de fonctionnaire » et engagées pour « promouvoir le service public d’éducation ».