8 mai 2019 | Mise à jour le 9 mai 2019
Alors que le procès France Télécom s'est ouvert, le 6 mai, au tribunal correctionnel de Paris, Thierry Franchi, délégué syndical CGT Orange (ex-France Télécom), revient sur ce cas emblématique de harcèlement moral érigé en système et sur l'importance d'obtenir avec décision de justice qui fasse une jurisprudence.
C'était il y a dix ans. L'affaire avait fait grand bruit. Next, le plan de restructuration qui devait supprimer 22 000 postes chez France Télécom aurait également poussé au suicide 19 salariés. Depuis hier, sept dirigeants de l'époque comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris pour « harcèlement moral » et « complicité pour harcèlement ».
Remettre en question tout un système
« À l'époque, les dirigeants utilisaient un mode de management par “la terreur” », dénonce d'emblée, Thierry Franchi, délégué CGT, qui rappelle que « c'est la première fois qu'une entreprise de cette ampleur se retrouve devant les tribunaux pour ce chef d'inculpation ». Pour le syndicaliste, qui espère et insiste sur l'importance d'une condamnation, ce procès est l'occasion de remettre en question tout un système et, peut-être, d'avoir un impact sur le management dans les entreprises. Si une jurisprudence se dégageait de ce procès, « ce serait un point d'appui pour se battre et mettre un terme à cette gestion du personnel ».
Les propos de Didier Lombard, PDG de l'entreprise France Télécom à l'époque, confiant à ses cadres supérieurs qu'il entendait supprimer ces emplois « par la porte ou par la fenêtre », en octobre 2007, choquent tout autant que ceux où il évoque, deux ans après, « une mode du suicide » en conférence de presse.
Dans ce contexte, la CGT aurait préféré que les responsables soient jugés pour « mise en danger de la vie d'autrui », et non au seul motif du « harcèlement moral ». Pour le syndicat, l'essentiel reste de « revoir la gestion des entreprises afin qu'elles sortent de la logique financière ». « Elles doivent créer des emplois, des investissements et reconnaitre les qualifications, martèle le syndicaliste. L'idée est de donner un sens à son travail avec un projet industriel comme, par exemple, celui de développer aujourd'hui un très haut débit sur tout le territoire, et d'arrêter de se soucier uniquement des paiements à verser aux actionnaires ».