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Coronavirus

Les syndicats des capitales face au coronavirus

28 avril 2020 | Mise à jour le 6 mai 2020
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Confrontés brutalement à la présence du coronavirus et à l'arrêt tout aussi soudain de la plupart des activités économiques non essentielles dans leurs pays respectifs, les syndicats des capitales font face…

Rome

« C'est vrai que l'on commence à s'interroger sur notre futur. On devra certainement changer notre mode de fonctionnement, mais, pour le moment, on expérimente », reconnaît Diana Agostinello, responsable de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) pour la capitale et sa région.

Confinement oblige, le syndicat italien a en effet dû se mettre « rapidement » aux nouvelles technologies : « On utilise les réseaux sociaux, de vidéoconférence pour maintenir les liens sur le terrain. On travaille aussi à l'organisation de formations vidéos spécifiques pour nos représentants Sécurité-santé qui vont être les délégués les plus importants quand les entreprises rouvriront. »

Tout aussi virtuels sont les échanges avec les autorités et le patronat. Avec des résultats quant à eux très concrets. « Nous venons de signer un accord par vidéoconférence avec que le gouvernement de Rome et du Latium pour donner une prime aux salariés de la santé et en avons conclu un autre dans l'entreprise de collecte des déchets romaine où les travailleurs demandaient plus de protection », annonce Diana.

Et la responsable de la CGIL de se réjouir d'une autre mesure prise avec la préfecture romaine proposant d'avertir les syndicats dès qu'une demande de dérogation de reprise d'activité est présentée par une entreprise non essentielle, même si celle-ci emploie moins de 5 salariés. Décision qui devrait concerner des milliers de PME dans la capitale. « Ils n'étaient pas obligés de le faire et maintenant, même les petites entreprises reconnaissent notre rôle. Je ne sais pas comment nous allons gérer cela à l'avenir, mais c'est une opportunité. »

Moscou

Une « opportunité » qui n'est manifestement pas à l'ordre du jour à Moscou. « Le pays a été mis au chômage partiel avec préservation des salaires jusqu'au 30 avril, mais les travailleurs sont renvoyés, forcés à prendre des vacances non payées ou sont moins rémunérés », déplore Mikhail Antontsev, président de la Fédération des syndicats moscovites, lui aussi passé sur Internet. « Nous comprenons qu'il faille soutenir l'économie, mais cela doit se faire en préservant, sans condition, les emplois et en assurant les mêmes garanties et les mêmes droits aux salariés. Pas question de réduire la responsabilité des employeurs ! »

Madrid

« C'est une situation inhabituelle pour tous. Nous allons vivre dans ce que l'on appelle déjà “une nouvelle normalité” et nous devons être attentifs à ce que cette crise ne soit pas payée par la classe ouvrière », prévient Jorge Maeso Carmona, secrétaire aux questions internationales pour les Commissions ouvrières espagnoles, elles aussi passées à l'heure du numérique et des hotlines. « Ce n'est pas seulement un défi pour les citoyens. Nous devons passer à un modèle économique durable et respectueux de l'environnement qui placera enfin l'humain avant le capital. »

Dakar

Des réactions, des questionnements que suit avec intérêt Ibrahima Gueye, secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Sénégal. Couvre-feu de 20 heures à 6 heures du matin, liaisons interurbaines bloquées, port du masque obligatoire, malgré le faible taux de contamination — 8 décès et près de 400 hospitalisations au 25 avril —, ce pays africain est lui aussi quasiment à l'arrêt et « il n'y a plus de travail. À l'issue d'une rencontre avec les syndicats, le président a sorti une ordonnance qui interdit de procéder au renvoi d'un salarié et prévoit que, en cas de mise en chômage technique, personne ne doit rester sans salaire. Ça, c'est un acquis », se félicite le syndicaliste sénégalais.

Et la CSA entend bien veiller à ce que les plus de 6,5 milliards de francs CFA, près de 10 millions d'euros, sortis par le gouvernement pour permettre aux entreprises en difficulté de payer un minimum de 70 % des salaires soient utilisés à bon escient. « Nous avons mis en place un dispositif pour suivre l'application effective de cette mesure et qu'aucune entreprise ne s'y dérobe », explique Ibrahima, qui fait cependant état de « cas de conflit concernant l'application des mesures de chômage technique ou le refus par des patrons de verser les salaires au prétexte que les salariés ne travaillent pas. »

Reste que 85 % de la population travaille dans le secteur de l'économie informelle, vit de la « débrouillardise », et n'est donc pas touchée par les mesures prises par le gouvernement pour aider l'économie, « si la situation ne se décante pas dans les 2 mois à venir, nous risquons de vivre des situations extrêmement difficiles », prévient Ibrahima. « C'est la raison pour laquelle la CSA demande non pas une révision de la dette, mais son annulation. Ses montants doivent être redirigés vers les besoins de la population. »

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