1 juillet 2020 | Mise à jour le 1 juillet 2020
Face à une direction manifestement aux abonnés absents alors que des questions de salaire et de nouveaux cas de contamination au Covid-19 inquiètent, les salariés d'Amazon en Allemagne ont entamé lundi 29 juin un nouveau mouvement de grève pour 48 heures à l'appel de leur syndicat Ver.di. Une première depuis le déconfinement…
« C'est une manifestation un peu spéciale », reconnaît André Scheer, secrétaire syndical pour le commerce du syndicat allemand Ver.di, l'une des principales organisations Outre-Rhin, en charge du dossier Amazon en Allemagne. « Pour éviter toute contamination possible, on a dû renoncer pour cette première manif depuis la pandémie à tout mouvement de masse et recourir à des opérations escargot, comme ici, à Leipzig, et au blocage du centre-ville. Mais sur deux ou trois autres sites qui auraient dû se joindre au mouvement, les camarades n'ont rien pu faire car les conditions sanitaires sont trop rigoureuses. »
Nouvelles contaminations inquiétantes
Il n'empêche. Les six centres appelés par Ver.di à débrayer pour 48 heures, lundi 29 et mardi 30 juin, ont tous répondu présent, soit plus de 2 000 personnes. C'est que la résurgence de nouveaux cas d'infections au Covid-19 dans certaines régions allemandes inquiète. « D'habitude, cela concernait plutôt les abattoirs, mais nous avons eu entre 30 et 40 nouvelles contaminations dans deux centres de logistique au cours de ces deux dernières semaines », constate André Scheer.
Est-ce à dire qu'Amazon ne fait rien pour protéger ses salariés ? « Ils ont bien distribué des masques, mais leur port n'est pas obligatoire. Il a parfois fallu que les autorités locales s'en mêlent pour que les salariés les mettent », déplore le syndicaliste. « Le problème est qu'Amazon exige les mêmes quotas de production des salariés, qu'ils portent leur masque ou non. Or, c'est beaucoup plus difficile avec et ils vont moins vite. »
Contrôle social au prétexte du Coronavirus
Autre souci est le fait que, « au prétexte de faire respecter les règles de distanciation physique, ils ont installé des caméras avec des systèmes de reconnaissance faciale dans certains sites afin de réguler les mouvements du personnel. Sans aucune concertation avec les salariés, qui ne savent pas ce que vont devenir les enregistrements et data concernés ». Ou quand pointe la crainte d'une surveillance généralisée…
Salaires et organisation du temps de travail en question
De bonnes raisons de manifester donc, auxquelles s'ajoute la question des salaires, vieux cheval de bataille d'André et du syndicat allemand. « Au début du confinement, la direction avait annoncé une prime de deux euros supplémentaires pour chaque heure travaillée, mais les salariés attendent toujours. Et, alors qu'il y a de nouveaux foyers dans le pays, cette prime s'est arrêtée le 31 mai dernier », s'étonne le syndicaliste, tout aussi préoccupé par la volonté d'Amazon de faire travailler ses employés le dimanche.
« Pour ça, ils ne se cachent même pas officiellement derrière les conséquences du Covid, mais justifient cette demande en disant que leurs clients ont besoin de recevoir leurs fournitures ou leurs commandes le lundi matin et que, par conséquent, les salariés doivent donc travailler le dimanche ! » Difficile à entendre dans un pays où il est interdit par la loi de travailler le dimanche et les jours fériés. « Le droit de recevoir son colis Amazon le lundi matin ferait-il partie des droits de l'homme ? », ironise André Scheer.