À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Étudiants : la faim et l’angoisse

23 février 2021 | Mise à jour le 24 février 2021
Par | Photo(s) : Jean-François Fort/Hans Lucas
Étudiants : la faim et l’angoisse

Perte de repères, isolement, précarité… l'onde de choc de la crise sanitaire et sociale frappe avec d'autant plus d'intensité que les conditions de vie des étudiants étaient déjà fragiles, creusant encore les inégalités au sein de cette génération sacrifiée.

On se souvient de l'électrochoc de novembre 2019, quand un étudiant de 22 ans avait tenté de s'immoler par le feu devant le Crous de l'Université de Lyon pour dénoncer les conditions de vie des étudiants et les politiques menées dans ce domaine, depuis plusieurs années. Sur Facebook, il dénonçait : « Cette année, faisant une troisième L2, je n'avais pas de bourse, et même quand j'en avais, 450 euros par mois, est-ce suffisant pour vivre ? » « La précarité détruit nos vies », avait conclu le syndicat étudiant Solidaires, auquel il appartenait.

La dernière enquête « Conditions de vie des étudiants », menée par l'Observatoire national de la Vie étudiante en 2016, révélait que 23 % avaient été « confrontés à d'importantes difficultés financières durant l'année » et que 46 % s'en remettaient à une activité rémunérée pendant l'année universitaire. L'enquête Insee « Revenu, niveau de vie et pauvreté en 2016 », publiée en décembre 2018, précisait de son côté que 21 % des élèves et étudiants se situaient sous le seuil de pauvreté contre 13 % de l'ensemble de la population.

Autre donnée inquiétante : 20 % d'étudiants présentaient des signes de détresse psychologique, selon l'enquête sur la santé des étudiants menée par l'Observatoire national de la Vie étudiante, toujours en 2016. C'est le tableau fragile de la condition étudiante. Isolement, incertitude, choc… En 2020, de fermeture des universités en confinement, de fermeture des cafés et restaurants en couvre-feu, les mesures restrictives pour lutter contre la pandémie ont dramatiquement aggravé la situation.

En avril, un jeune de 23 ans s'est suicidé sur le campus de HEC ; fin août, un autre de 25 ans s'est suicidé sur le campus de La Rochelle-Université ; en août puis septembre, deux étudiants se sont suicidés en Nouvelle-Calédonie. À la rentrée, un étudiant en école d'architecture puis un autre à l'IEP de Toulouse ont mis fin à leurs jours ; en septembre puis en novembre, deux étudiants se sont suicidés à Montpellier ; le 9 janvier, un étudiant de Lyon-III a tenté de se suicider.

Les syndicats de l'Éducation nationale et enseignement supérieur appellent à la grève le 26 janvier

Une suite funèbre non exhaustive

« Les étudiants meurent de faim et d'angoisse : 1,5 milliard pour nous sortir de la galère ! », clame l'Unef dans la pétition #DurDavoir20ans. « Avant le Covid-19, la précarité étudiante c'était déjà 27,07 % d'augmentation du coût de la vie étudiante en dix ans, […] la situation s'aggrave et le gouvernement fait la sourde oreille ! », dénonce le syndicat étudiant sur les réseaux sociaux et dans la rue, le 26 janvier dernier, avec des syndicats de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, en grève pour réclamer davantage de moyens et d'écoute. « C'est la grosse galère, lâche Marie Buisson, secrétaire générale de la FERC-CGT. Les profs ne veulent pas retourner en amphi face à 300 élèves alors que le virus peut les mettre en danger, mais ils sont favorables à une reprise par petits groupes et à l'accompagnement des étudiants — ce qui suppose plus de personnels et de locaux, et donc un renouvellement du bâti qui accuse un retard énorme. La massification de l'enseignement supérieur n'a pas été suivie d'une montée en masse des moyens… ».

Et la Ferc-CGT de revendiquer sur son site que « le gouvernement investisse enfin dans sa jeunesse, en lui assurant immédiatement des moyens de subsister (augmentation des bourses, baisse des seuils sociaux, accès au RSA sans condition d'âge, etc.), en réquisitionnant les locaux vides, en investissant dans la construction pour faciliter le retour à l'université et l'accès à un premier logement et en baissant le temps de travail à 32h par semaine et l'âge de départ en retraite à 60 ans pour permettre à la jeunesse d'entrer dans la carrière. »

Quel avenir pour la génération Covid ?

Acculé à agir sous la pression médiatique autour de la détresse étudiante, Emmanuel Macron annonçait, lors d'une visite sur le campus de Saclay le 21 janvier, les repas des restaurants universitaires à 1 euro pour tous les étudiants, la prise en charge de trois séances chez un psychologue (96 euros) et la possibilité de revenir en présentiel un jour sur cinq, quel que soit le niveau.

Parfait sur le papier, mais la réalité est plus complexe et arrive dans un contexte déjà très dégradé. « Nous réclamions les deux repas à 1 euro pour tous les étudiants – et pas seulement pour les boursiers – dès juillet 2020 ; ça aurait limité la casse, peste Huseyin Ozdemir, agent d'entretien au Crous Grenoble et secrétaire national CGT. C'est un coup de pouce mais il faut plus pour les aider à payer leur loyer. Ça fait des années que l'on dénonce cette précarité ! »

Suivez la NVO sur FacebookTwitterInstagram