11 août 2021 | Mise à jour le 16 août 2021
La CGT Métallurgie recensait mi-juillet 33 300 signatures à sa pétition lancée « pour une convention collective de haut niveau ». À l'approche de la fin des négociations avec l'UIMM, la CGT alerte sur le terrain de l'imminence des dangers du projet patronal et propose des actions pour la rentrée.
906 signatures chez PSA Mulhouse, 840 chez Renault Sovab Batilly (54), 402 chez Lisi-Creuzet (aéronautique) à Marmande (47), 1 500 autres dans le bassin d'emplois de Saint-Nazaire… En ce mois d'août 2021, la fédération CGT de la métallurgie surveille la remontée des pétitions sur la convention collective comme le lait sur le feu. Il faut dire que les enjeux sont énormes et que les échéances de la rentrée sociale et de la conclusion des négociations engagées avec l'UIMM depuis 2016 se rapprochent à grands pas.
Pour y faire face, outre sa participation à la journée d'action interprofessionnelle du 5 octobre 2021, où les métallos feront le lien entre les intérêts généraux et ceux de leur profession, la FTM CGT entend organiser une semaine d'information et de mobilisation sur les négociations en cours du 20 au 25 septembre 2021. Par ailleurs, la fédération a d'ores et déjà décidé d'une journée nationale de grève avec manifestation le 25 novembre 2021 à Paris devant l'UIMM.
Une casse des garanties collectives
« L'enjeu de cette négociation est fondamental », explique Abdelaziz Bouabdellah, dirigeant de la FTM CGT. « L'UIMM veut un nouveau “dispositif conventionnel,” mais nous, nous parlons d'une convention collective de haut niveau. Nous avons déjà une divergence sur cet aspect. Le dispositif conventionnel s'inscrit dans la volonté affichée d'une réduction du nombre de conventions collectives. Mais cela aboutit à la casse des garanties collectives. Concrètement cela va se traduire par la disparition d'avantages sociaux, de primes, ou encore le paiement au poste et non plus à la qualification. Depuis 2016, nous avons mené de nombreuses actions et jusqu'à présent nous avons réussi à temporiser. Aujourd'hui, il y a urgence à ce que les syndicats s'emparent de la pétition et en fassent une priorité. »
« Les gens ne croient pas ce qu'il va leur arriver »
Sur le terrain, malgré la période estivale et le télétravail massif, les syndicats CGT s'organisent pour faire signer la pétition par différentes initiatives ; prise de parole avec sono au sein de l'usine de PSA Mulhouse avec sono, tractage aux portes des entreprises à Nantes–Saint-Nazaire. Des tables sont installées et des stylos CGT sont offerts aux signataires de sorte à respecter les gestes barrière.
Chez Renault Trucks à Bourg-en-Bresse, on recense 550 signatures. Au vu des effectifs (1 300 salariés), on pourrait être satisfait de ce score, mais ce n'est pas tout à fait le cas pour Grégory Khiaty, de la CGT du site : « Malgré tous nos efforts, les journées d'étude que nous avons organisées sur ces négociations, nous n'avons pas réussi à voir et toucher toutes les catégories. À la production, presque tout le monde a signé, mais chez les cols blancs c'est plus compliqué. Certains ne veulent pas que leur nom apparaisse, même s'ils sont d'accord. Lorsqu'on discute avec eux, ils découvrent et sont même choqués qu'on pourrait ne plus reconnaître leurs diplômes, qu'ils auraient des carrières en dents de scie. Ils ont du mal à croire que c'est ce qu'il peut se produire, qu'on pourrait les rétrograder. À terme, cela pose un problème d'attractivité pour nos métiers. D'ailleurs, ça commence déjà puisqu'on constate un nombre croissant de gens qui veulent partir ou négocient des ruptures conventionnelles. »
Objectif : 100 000 signatures
Semaine d'information et d'actions en territoire du 20 au 25 septembre 2021, journée interprofessionnelle d'action le 5 octobre 2021 et enfin journée nationale de grève le 25 novembre 2021 avec manifestation à Paris au siège de le l'UIMM. L'agenda de rentrée des luttes est déjà bien rempli pour les métallos. En attendant, les derniers jours de l'été sont employés à faire signer la pétition.
La fédération s'est fixé l'objectif d'atteindre les 100 000 signatures avant la manifestation du 25 novembre. Cela n'exclut pas la possibilité d'autres actions sur le même sujet à cette rentrée. En septembre de l'année dernière, la direction d'ArcelorMittal Dunkerque avait cru bon anticiper les dispositions du futur accord sur les classifications. Le choc a été si brutal qu'une grève a aussitôt éclaté contraignant les patrons impatients à reculer. De tels scénarios pourraient bien se reproduire massivement quand les salariés seront confrontés à la mise en place concrète dans leur entreprise de ce qu'ils ont encore peine à imaginer aujourd'hui.
Première grève victorieuse contre le nouveau dispositif conventionnel de l'UIMM
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