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Réforme des retraites

Manifestations record en régions ce 31 janvier 2023.

1 février 2023 | Mise à jour le 1 février 2023
Par | Photo(s) : Régis Frutier
Manifestations record en régions ce 31 janvier 2023.

250 manifestations d'une ampleur inédite ont eu lieu ce 31 janvier 2023 dans de nombreuses villes de province. Dans l'Aisne, la mobilisation est encore montée d'un cran depuis le 19 janvier. Reportage à Château-Thierry (02). 

 

2, 8 millions de manifestants en France, et partout encore plus fort que le 19 janvier 2023 !  C'est ce même constat que faisaient ce 31 janvier 2023 les quelque 1800 personnes qui ont bruyamment défilé dans les rues de Château-Thierry (02) ce 31 janvier 2023. En effet, pour la deuxième journée d'action nationale sur les retraites, les responsables de l'Union locale CGT de Château-Thierry estimaient qu'il y avait au moins 300 personnes de plus qu'à la précédente manifestation. 1800 manifestants pour une ville de 15000 habitants, un pourcentage plus qu'honorable pour une ville de 15 000 habitants. « Déjà, le 19 janvier, je n'avais jamais vu une manif de cette ampleur à Château-Thierry, alors que j'y suis depuis 30 ans » rapporte Pascal, trésorier de l'UL CGT. « Il y a vraiment toutes les professions qui sont représentées ; les industries locales, les hôpitaux et IME, FM Logistic, les cheminots, mais aussi des femmes de ménage, des commerçants… »

La santé en première ligne 

Quasiment en tête du cortège s'étale une grande banderole de l'hôpital de Château-Thierry. Bruno, Sandrine, Jean-Luc, Anne-Lise et Laurence sont remontés comme des pendules et très fiers de leur forte mobilisation. Ils constituent la toute nouvelle équipe CGT qui a remporté le CSE et le CTE en décembre dernier, une première depuis 33 ans. Galvanisée par son succès, la CGT de l'hôpital n'a eu de cesse de distribuer des tracts à l'entrée du centre hospitalier pour mobiliser pour la retraite. « On a distribué pas seulement aux personnels, mais aux visiteurs » rapporte Sandrine. Olivier Fenioux, secrétaire de l'USD Santé 02 les accompagne : « Les chiffres que je reçois sont dingues : il y a 3800 manifestants à Laon (02) contre 2000 le 19 janvier, 6000 à Douai (59) contre 4500 le 19 janvier… Et chez nous dans la santé c'est évidemment très fort. Beaucoup de soignants sont cassés après 50 ans, physiquement, mais aussi psychiquement. On a des burn-out, et des morts prématurés en cascade. Il faut savoir que beaucoup ne passent pas le cap de la visite médicale obligatoire à 60 ans et sont mis en inaptitude. Résultat : plein de retraites non complète à cause de cela. Alors, si on rallonge le travail de deux ans, ça va s'aggraver. »  

Gilets jaunes de tous les combats         

Château-Thierry a eu la particularité d'avoir l'un des mouvements de gilets jaunes les plus tenaces qui soit avec l'occupation des mois durant du rond-point place de la Libération.  Présents avec la plus grande assiduité depuis des mois Alex et Denis y sont devenus des célébrités locales. Ils avaient disparu pendant la crise Covid, mais depuis un mois, les voilà de retour pour y camper tous les samedis. Leur banderole revendique le partage des richesses. « Nous sommes retraités, et ce n'est pas pour nous, mais évidemment qu'il faut revenir à la retraite à 60 ans ! » explique Denis.

Des manifestants de toutes professions 

 Aurélien, jeune délégué CGT d'EuroKera, une entreprise de fabrication de plaques céramiques se félicite d'avoir une cinquantaine de ses collègues présents dans la manif : «  Je sens un ras-le-bol collectif avec toutes ces réformes. Nous, on travaille à la chaîne, alors on n'a certainement pas envie de travailler plus longtemps ! » Eric, 59 ans, ouvrier d'une boucherie industrielle est sur la même longueur d'onde : « Je devais partir en retraite le 1er avril 2024 avec le dispositif carrières longues. Mais avec la réforme, dans le meilleur des cas je devrai faire six mois de plus ! » Véronique, coiffeuse, est venue avec une pancarte qu'elle a fabriqué elle-même qui dit « Non à la servitude ! ».  « J'ai 55 ans et je suis vacataire, mais il est presque impossible de trouver du travail à mon âge, alors 2 ans de plus ce n'est pas possible…» Pascal, journaliste à l'Union, est venu avec son drapeau du SNJ CGT et de la Filpac CGT. Il constate lui aussi une mobilisation inédite parmi les localiers qui a déjà valu une non-parution de l'édition locale : «  A  Château, nous sommes deux sur trois à être en grève, c'est dire le mécontentement est fort et n'est pas près de baisser ».

Avec leurs méga-pétards et les fumigènes qui envahissent tout, difficile de les manquer : les cheminots sont plus que visibles. Nathalie, personnel administratif, et Chrystelle qui travaille à la maintenance, sont deux cheminotes basées à Paris, mais habitantes de l'Aisne. Elles ont donc décidé de manifester ensemble à Château-Thierry. Chrystelle accepte de témoigner : « Avant la SNCF permettait une retraite à 55 ans. Nous sommes dans la mauvaise tranche d'âge. On nous a déjà rajouté deux ans, et maintenant deux de plus. On n'en voit pas la fin ! Déjà c'est dur pour une femme de travailler à la maintenance, alors cette réforme, on n'en veut vraiment pas. »   

Ce n'est qu'un début… 

Au soir de la mobilisation historique, l'intersyndicale appelait à de nouvelles mobilisations le mardi 7 février 2023 et le samedi 13 février 2023. Dans l'Aisne, comme dans le reste de la France, la tension n'est pas près de retomber si le gouvernement persiste dans son entêtement mortifère.