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10 septembre

Comment la CGT prépare la mobilisation du 10 septembre

9 septembre 2025 | Mise à jour le 22 septembre 2025
Par | Photo(s) : Bruno Troulet
Comment la CGT prépare la mobilisation du 10 septembre

La CGT qui se rallie à l’initiative citoyenne « bloquons tout » du 10 septembre recense plus de 500 appels à la grève, dans tous les secteurs et sur l’ensemble du territoire. Avec en ligne de mire la mobilisation intersyndicale du 18 septembre 2025.

En quinze ans à la tête de la CGT du Loiret, Pascal Sudre a rarement connu un tel bouillonnement. Le secrétaire de l'Union Départementale recense une soixantaine d'appels à la grève, dans le privé comme dans le public et cinq lieux de rassemblements d'Orléans à Pithiviers, en passant par Giens ou Montargis dans le cadre du 10 septembre. Une émulation, qui s'organise en intersyndicale (Unef, Solidaires, CGT, FSU, Le poing levé) sur ce territoire, semblable à celle qui l'a vécu lors de la contestation contre la réforme des retraites de 2023. « Nous n'avons jamais eu autant de salariés qui nous demandent comment faire grève. Les gens ont envie de s'engager. Dès mon retour de congés en août, des camarades, eux-mêmes sollicités par leurs collègues au travail, ont demandé ce que la CGT avait prévu ce jour-là », témoigne ce militant chevronné qui comme d'autres entrevoit le 10 septembre comme une occasion de construire un mouvement social et de faire converger les luttes. Née en contestation du budget de l’ancien Premier ministre François Bayrou qui prévoyait près de 44 milliards d'économies, l'initiative citoyenne « bloquons tout », hétéroclite, a rallié une partie des organisations syndicales, parmi lesquelles la CGT. La centrale de Montreuil est désireuse de s’insérer dans ce mouvement sans fragiliser l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) dont certains membres restent rétifs au mot d'ordre de tout bloquer.

Une première étape

La déclaration du CCN (le parlement de la CGT composé de ses dirigeants de fédérations et d'UD) adoptée fin août a clarifié la situation. « La dynamique de l'initiative citoyenne du 10 septembre démontre l'ampleur de la colère sociale. La CGT souhaite que cette journée soit une première étape réussie, ce qui passe en particulier par la grève sur les lieux de travail. Elle appelle donc ses syndicats à débattre avec les salariés et à construire la grève partout où c'est possible », peut-on lire dans la déclaration du CCN. Dans un contexte où les plans de licenciement se multiplient et où une cure d'austérité se profile, l'enjeu est de ne pas mettre en opposition mobilisation citoyenne et syndicale, mais au contraire de construire un rapport de force afin d'infléchir les choix politiques. Et ce, même si le gouvernement Bayrou a été renversé à l'issue d'un vote de défiance à l'Assemblée nationale deux jours plus tôt. Pour la CGT, l'exigence d'une plus grande justice fiscale à travers la taxation des patrimoines et des dividendes, mais aussi l'abrogation de la réforme des retraites, le financement des services publics demeurent d'actualité.

119 appels à la grève dans le secteur de la chimie

Des secteurs tels que l'énergie, l'AP-HP ou Radio France  sont déjà entrés dans la danse. De la même manière, les fédérations chimie, commerces et services, société d'études de la CGT avaient devancé le CCN et avaient appelé à se mobiliser le 10 septembre. « Nous n'avons pas de point bloquant avec le mouvement « bloquons tout » et nous ne voulons pas reproduire l'erreur faite avec les Gilets Jaunes où la CGT était restée relativement distante, témoigne Serge Allègre, dirigeant de la CGT chimie qui recense 119 appels à la grève dans la chimie, la plasturgie, le pétrole. « Cela fait bien longtemps qu'une telle mobilisation n'est pas arrivée. On appelle à faire grève dans les ateliers, à mettre l'outil de production à l'arrêt, à débattre avec les salariés sur nos revendications sociales. Le départ de Bayrou, je m'en fous royalement. Ce que je veux, c'est voir deux-trois millions de salariés dans les rues pour obtenir un autre budget », se met à rêver Serge Allègre, dont la fédération appelle par ailleurs à se mobiliser devant le Ministère du travail contre les discriminations syndicales, pour les salaires, les conditions de travail.

Une lame de fond qui vient de la base

Plus globalement, la CGT s'active partout, tant au niveau des fédérations que des territoires, que cela soit dans la métallurgie, la construction, l'éducation, la santé, les cheminots, en Dordogne, en Ardèche, dans les Bouches du Rhône, ou la Somme. « Le 10 septembre est une date que tout le monde veut réussir, observe Kevin Crepin, secrétaire général de la CGT Somme, pour qui il se passe quelque chose d'inédit. C'est comme une lame de fond qui vient de la base, des syndicats qui ne se mobilisent pas forcément en seront. L'enjeu étant d'inscrire le mouvement dans la durée ». « Nous avons conseillé aux syndicats de déposer un préavis de grève pour couvrir tous les salariés. On a le sentiment que les gens veulent se mobiliser, les collectifs de citoyens nous interpellent pour les aider à s'organiser », témoigne Sébastien Nicolas, secrétaire de la CGT Ardèche. Au total, la coordination des luttes de la CGT recense plus de 500 appels à la grève pour le 10 septembre, ce qui constitue selon elle « un indicateur très encourageant ». Avec en ligne de mire la mobilisation intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) du 18 septembre.