18 septembre 2025 | Mise à jour le 19 septembre 2025
Le 18 septembre 2025, 750 manifestants, soutenus par l'ensemble des syndicats, ont défilé à Laon dans l’Aisne pour protester contre les 117 licenciements annoncés chez Sonoco, pilier industriel du secteur agroalimentaire local. La mobilisation, croissante depuis plusieurs jours, exprime le choc d'une ville confrontée à la fermeture d'une usine historique — malgré des bénéfices affichés et des salariés majoritairement proches de la retraite. Emploi, austérité et avenir industriel sont ici au cœur de ce mouvement inédit.
Le cortège est parti du centre-ville pour rejoindre le piquet de grève devant l'usine Sonoco (conserves et emballages alimentaires) en grève depuis plusieurs jours. 117 licenciements viennent d'y être annoncés et la petite ville entière est sous le choc. Mathieu n'est pas syndiqué, il fait partie des potentiels licenciés et porte une pancarte « famille jetable, licenciement en coulisse ». « Quand Sonoco a racheté l'entreprise il y a neuf mois, ils nous ont dit bienvenue dans la famille et maintenant ils nous licencient. » Son collègue Frédéric exprime lui aussi son écoeurement : « Ils vont délocaliser. Toutes les usines ferment les unes après les autres dans la région. Comment allons-nous retrouver un travail ? A l'usine, 80% des salariés ont entre 50 et 64 ans. Pour moi, à 59 ans ça va être compliqué. »
Chez Sonoco, seule la CGT et FO sont organisés, mais l'ensemble des organisations syndicales de la ville ont décidé de se rassembler devant la gare et de traverser la ville sur un parcours de trois kilomètres pour se rejoindre devant l'usine. Antony Lagneaux, secrétaire de l'Union locale CGT rappelle que cette usine, présente depuis 1959 a compté jusqu'à 1200 salariés, qu'elle est partie intégrante de l'histoire de la ville et qu'après plusieurs rachats successifs il est inacceptable de la voir partir : « Il n'y a aucune logique à cette fermeture. L'entreprise fait des bénéfices avec un résultat net de 7 millions. Ils parlent d'un sureffectif de 20 personnes or ils en licencient 117… »
Un mouvement crescendo
Antony se félicite toutefois de la présence de tous les syndicats (CGT – FO- CFDT – CFE/ CGC- FSU – UNSA) et de l'absence de certains politiques. « Dès qu'ont été annoncés les licenciements, on a vu arriver un député RN à l'usine, mais on lui a demandé de partir pour ne pas aggraver le niveau de conflictualité, ce qu'il a bien compris. »
Yann Ruder secrétaire adjoint de l'Union locale CGT constate une montée en puissance de la mobilisation de puis le 10 septembre. « Nous sommes 750 aujourd'hui contre 500 le 10. Force est de constater que l'appel intersyndical est puissant. On revoit des gens que nous n'avions pas vu depuis le mouvement des retraites. (…) Depuis cet été, nous avons tenté de contacter les dirigeants de l'entreprise, mais ils n'ont répondu ni aux organisations syndicales, ni aux pouvoirs publics. Nous avons donc affaire à des patrons-voyous qui ne respectent pas le minimum de démocratie sociale. La seule solution qui reste est la grève et le combat. »