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HÔPITAL PUBLIC

La cardiologie au bord de l’arrêt à l’hôpital de Riom

20 octobre 2025 | Mise à jour le 20 octobre 2025
Par | Photo(s) : Sonia Reyne
La cardiologie au bord de l’arrêt à l’hôpital de Riom

La colère monte à l'hôpital de Riom (Puy-de-Dôme), où soignants, patients et citoyens se mobilisent contre la menace de fermeture du service de cardiologie à partir du 3 novembre. Epuisée par des mois de sous-effectifs et un quotidien infernal, la docteure Laurence Flork, à la tête de ce service depuis quatorze ans, a présenté sa démission.

La foule est dense devant l'hôpital de Riom en ce vendredi 17 octobre. De nombreux soignants, patients et citoyens sont venus exprimer leur désarroi et leur crainte de voir le service de cardiologie fermer définitivement à partir du 3 novembre. La veille, les services de communication du centre hospitalier ont tenté de se montrer rassurants. « A partir du 3 novembre, la continuité des soins cardiologiques à Riom est assurée grâce à la coopération avec le CHU [centre hospitalier universitaire, NDLR] de Clermont-Ferrand. L'unité de soins continus ferme temporairement, mais les consultations, le suivi et la présence médicale sont maintenus jusqu'au renfort d'équipe », ont-ils annoncé. « Personne n'est dupe, décrypte Marine Ruiz, déléguée CGT de l’hôpital de Riom. On sait ce que veut dire temporairement. On continuera de se mobiliser tant qu'on n'aura pas d'engagements concrets. » La militante syndicale se félicite du succès de la pétition lancée par la CGT de l'hôpital, qui a recueilli à ce jour plus de 3 500 signatures. « On sent un vrai soutien : les gens comprennent nos combats et continuent à être derrière nous », apprécie Marine Ruiz.

Un quotidien intenable pour les soignants

Au quotidien, des soignants confrontés à une situation intenable témoignent de leur détresse. Après vingt-huit ans passés à l'hôpital de Riom, dont quatorze ans à la tête du service de cardiologie, la docteure Laurence Flork a présenté sa démission le 13 octobre. Épuisée, la praticienne de 59 ans décrit un service à bout de souffle : « Je suis corvéable 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. » Depuis un an, l’équipe tourne avec seulement 3,6 équivalents temps plein : la docteure Flork et trois cardiologues étrangers sans équivalence française, qui ne peuvent exercer seuls. À partir de novembre, deux de ces praticiens quittent l'établissement. « Je vais être obligée de travailler non-stop pendant un mois », confiait la cheffe de service à France 3, il y a quelques jours, déplorant l'absence de réponse durable malgré ses alertes répétées.

Perte de chance pour les patients

Le départ du Dr Flork a des conséquences lourdes : 580 patients sont suivis chaque année en unité de soins continus et 3 600 consultations externes sont réalisées. Spécialité transversale, la cardiologie est utile à tous les services. En solidarité, d'autres médecins envisagent de démissionner. La réponse du CHU de Clermont-Ferrand n'a convaincu personne. Pour Marine Ruiz, « les promesses sans effectifs, ça ne tient pas. On a besoin de concret. Le service cardio perd six lits, puis dix autres d'ici décembre. Des équipes vont se vider, disparaître. Officiellement, la direction propose des reclassements, mais avec la nouvelle loi sur la fonction publique, à la troisième proposition, c'est la porte. Donc oui, des effectifs vont sauter, nos collègues du labo en ont fait récemment l'amère expérience. Ce n'est pas viable, ni acceptable. Si on perd la cardio à Riom, ce sera une catastrophe : pour les patients, pour le bassin de vie, pour l'avenir de l'hôpital. Les syndicats attendent une proposition plus sérieuse pour les effectifs paramédicaux, plus de garanties sur la réouverture des lits et la stabilisation des équipes. » A Riom et dans tout le bassin de vie, le mouvement prend de l'ampleur : soignants, syndicats et élus parlent d'une même voix. La députée socialiste Christine Pirès-Beaune appelle à une réaction rapide du CHU. Tous s'alarment d'une « perte de chance » pour les habitants du bassin de vie des Combrailles et de la Limagne.