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BUDGET

« Alerte rouge sur le budget » : syndicats et associations se mobilisent

28 novembre 2025 | Mise à jour le 28 novembre 2025
Par | Photo(s) : Enzo Hanart
« Alerte rouge sur le budget » : syndicats et associations se mobilisent

Une conférence de presse a réuni CGT, FSU, Solidaires et acteurs du monde associatif dans les locaux de la CGT. Montreuil, 27 novembre 2025.

À quelques jours de la mobilisation du 2 décembre, la CGT, FSU, Solidaires et des représentants du monde associatif lancent une alerte rouge sur le budget 2026. Entre précarité, services aux femmes menacés, associations asphyxiées et système de santé sous tension, tous alertent sur les conséquences de choix politiques qui, selon eux, fragilisent les plus vulnérables et mettent à mal les droits fondamentaux.

Le 27 novembre, la CGT a organisé une conférence de presse dans ses locaux avec FSU, Solidaires et plusieurs représentants d'associations parmi lesquelles ATD Quart Monde, la fédération nationale des Centres d'information sur les Droits des Femmes et des Familles (FNCIDFF), ou encore le Mouvement associatif. Une prise de parole pour « lancer une alerte rouge sur le budget » explique Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT à quelques jours de la mobilisation nationale prévue le 2 décembre. L'occasion pour les acteurs associatifs d'expliquer les conséquences qu'auraient le budget prévu par le gouvernement sur leurs secteurs, tels que le droit des femmes, la lutte contre la précarité ou la santé.

Une précarité croissante

Pour Dominique Vienne, responsable des dons individuels à ATD Quart Monde, association qui lutte contre la précarité et pour le logement, « le budget de la nation est le reflet de la société dans laquelle nous souhaitons vivre et nous voulons une société qui donne accès aux droits constitutionnels et qui laisse un reste à vivre suffisant et non saisissable ». Il déplore une proposition de budget dont certaines mesures, telles que l'année blanche pour les prestations sociales, le gel du barème de l'impôt et celui des pensions de retraites,  risqueraient « d'affecter encore plus les conditions de vie des personnes les plus vulnérables qui ne cessent de se détériorer depuis plusieurs années ».

En cas d'année blanche, le RSA maintiendrait également son niveau actuel. « 636 euros pour une personne seule, qui peut prétendre pouvoir vivre avec ce niveau de revenu ? Nous demandons un minimum indexé correspondant à 60% du revenu médian. Et je vous rappelle que le seuil de pauvreté est actuellement de 1 288 euros par mois. »

Un danger pour les femmes

Clémence Pajot, directrice générale de la FNCIDFF, s'inquiète de voir l'austérité budgétaire mettre à mal l'accueil et la prise en charge des femmes victimes de violences. « Force est de constater que huit ans après le mouvement MeToo, un an tout juste après le procès des viols de Mazan, les demandes des femmes qui s’adressent à nos associations augmentent considérablement : 25 % en 2024.  En parallèle, les moyens de nos associations diminuent. En 2025, le réseau des CIDFF a enregistré une baisse cumulée de subventions de 2 millions d’euros, de la part des collectivités territoriales, principalement des régions et des départements. Mais ce sont aussi des baisses de la part des services de l’État (…) c’est la répercussion directe des crédits de ces ministères qui ont diminué en 2025. » Certains CIDFF ont du fermer leurs portes, notamment en milieu rural, pourtant là où 50 % des féminicides ont lieu.

« Quand vous défendez l’avortement, l’éducation, la sexualité, le droit des personnes LGBT, vous êtes forcément attaqués, vous êtes forcément menacés » déplore Sarah Durocher, directrice du Planning Familial, « Mais là, aujourd’hui, nous avons vraiment des menaces importantes, avec une accélération nette depuis deux ans. Ce budget, je crois, montre un certain mépris du côté des associations malgré le travail extraordinaire fait dans le réseau du mouvement féministe, dans le sport, dans la culture et dans l’environnement. Nous avons le droit d’exiger d’avoir des budgets à la hauteur du travail qui est fait, nous serons donc dans la rue le 2 décembre. »

Des associations asphyxiées

Pour Yannick Hervé, représentant du Mouvement associatif, qui fédère 700 000 des 1,5 million d'associations en France, les actions militantes ne sont pas habituelles. Le 11 octobre pourtant, « il y a eu 350 initiatives dans le pays menées par des responsables associatifs locaux dont ce n’est pas la culture d’aller dans la rue. Mais il a fallu qu’on y aille parce que l’heure est effectivement grave. » La situation pour le milieu associatif est, là aussi, critique. « Aujourd’hui, 70 % des associations employeuses disposent de fonds propres fragiles ou inexistants. Une association sur deux a vu ses financements publics baisser en 2025. Pour une sur cinq, la baisse a dépassé les 20 %. Or, la vie associative, selon nous ne peut pas être considérée comme une variable d’ajustement budgétaire. Elle est un investissement social, démocratique, humain. La fragiliser, c’est fragiliser la société toute entière. »

Austérité sanitaire ?

« Ce PLFSS organise une austérité sanitaire » résume Sylvie Ben Jaber, présidente de la Mutuelle Familiale. Le budget prévoit un objectif national de dépenses d'Assurance maladie (ONDAM) à 1,6 %, ce qui correspond à 7 milliards d'euros d'économie. Pour Sylvie Ben Jaber, « cela veut dire des fermetures de lits, des services sous-dotés, du personnel épuisé et des patients renvoyés vers eux-mêmes.  Par ailleurs, les patients seront pénalisés par le doublement des franchises médicales. Les plafonds pourront atteindre jusqu’à 350 euros par personne et par an. Une somme considérable pour les familles, les retraités modestes, les personnes en affection de longue durée. »

Pour la justice fiscale et sociale !

« On a une Assemblée nationale avec quasiment 150 députés d’extrême-droite qui, systématiquement, dans tout le débat budgétaire, se sont organisés pour empêcher toute mesure de justice fiscale. Qui dit pas de mesures de justice fiscale, dit un blocage pour défaire les mesures d’austérité qui pèsent sur les populations et le monde du travail » conclut Sophie Binet, « on invite et on appelle tous les autres députés à changer de braquet pour se mettre au service de l’intérêt général, au service de l’intérêt du pays. Voilà ce que nous voulons mettre à l'ordre du jour à partir du 2 décembre prochain. »