Monnaie fiduciaire : le cash fait de la résistance
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Denis Robert: Je suis particulièrement heureux que la BD sorte avec les quatre volumes réunis. C'est ainsi que je l'avais imaginée en 2008, en commençant à y travailler. Je n'imaginais pas qu'elle compterait 720 pages, mais par où commencer à raconter une histoire pareille? Je pouvais démarrer avec ma rencontre avec Ernest Backes [ancien responsable informatique de Cedel International, rebaptisée Clearstream en 1999, NDLR], mais on ne comprenait pas si je n'expliquais pas avoir participé à L'Appel de Genève [demande de sept grands juges anti-corruption, réunis autour de Denis Robert, pour un espace judiciaire européen dans le but de lutter contre les malversations financières, NDLR], et on ne comprend pas cela si on ne sait pas que j'ai enquêté sur les paradis fiscaux…
C'est une longue BD qui plonge dans les arcanes et donne à comprendre cette folie Clearstream, même mieux que mes livres ou mes documentaires. En la découvrant dans son intégralité, je la regarde comme si c'était un autre que moi qui l'avait écrite tant je pense que j'en serai incapable aujourd'hui et tant c'est un objet unique dans son genre. L'album est en rupture de stock, je suis heureux qu'il trouve son public.
J'ai participé à son écriture, je l'aime beaucoup aussi, mais il m'est plus étranger. C'est d'abord un thriller qui fonctionne comme tel, avec les codes du genre. Les Américains, les Italiens, les Espagnols l'ont acheté. Il va sortir à l'étranger, c'est la preuve que même des gens qui ne connaissent rien à Clearstream s'intéressent à cette histoire pour ses liens avec les morts des Frégates, cette multinationale, l'enquête d'un journaliste… Il y a une force de l'histoire. L'Enquête repose sur un scénario que nous inspire le réel, puisque rien n'est inventé.
La réussite du film et ce qui provoque l'effarement des spectateurs, c'est que ce sont les vrais noms. Quand on dit c'est Clearstream, on ne peut pas se permettre de diffamer ou d'inventer des choses qui n'existent pas. Quand on nomme son PDG, André Lussi, on ne peut pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit. De la même façon pour Dominique De Villepin, Jean-Louis Gergorin ou Imad Lahoud.
Ce sont des vrais personnages. On est dans une fiction du réel ou dans la réalité d'une fiction qui intéresse particulièrement le public français car on a mangé du Clearstream pendant quatre ou cinq ans quotidiennement sans vraiment comprendre.
Les tentatives d'atteinte à la liberté de la presse et les pressions exercées sur les journalistes, sont éternelles. C'est un peu plus étonnant quand ça vient de la gauche et du PS que quand ça vient de la droite, mais il y en a eu beaucoup. Le coup de la loi Macron est assez incroyable. Le tir a rapidement été rectifié et je veux bien mettre cette bévue sur le compte d'une erreur. Il fallait se mobiliser contre cet amendement et le faire sauter. C'est fait. Mais bientôt, il y en aura d'autres.
Une directive européenne est dans les tuyaux, qui reprend le relais de cet amendement…
L'Europe est mon cheval de bataille. Dans toute l'histoire Clearstream, le seul moment où la multinationale et ses dirigeants ont été inquiets, ce n'est pas lors de la sortie de mon livre, ni des informations à la presse. C'est quand ils ont vu arriver la perspective d'une commission d'enquête européenne. En 2002, suite à une première mission d'information française, j'ai montré mon documentaire, «Les dissimulateurs», à des eurodéputés à Bruxelles.
Suite à ça, une partie d'entre eux s'est mobilisée pour réclamer une commission d'enquête. C'est là que c'était compliqué pour Clearstream et c'est là qu'on a vu se déployer la force du lobby bancaire. Au final, elle a été remise à l'eurodéputé en charge de la concurrence, Frits Bolkestein, qui l'a refusée au motif que le Luxembourg [lieu du siège de Clearstream, NDLR] étant un État souverain, c'était à lui d'enquêter sur cette multinationale et non à l'Europe.
Sous-entendu: les intérêts de cette multinationale sont des intérêts luxembourgeois. Un prétexte fallacieux puisqu'elle est présente dans 127 pays et 42 paradis fiscaux. Ils ont réussi leur coup, cette fois-là…
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