11 février 2021 | Mise à jour le 11 février 2021
Le 17 janvier 2021, Sandrine Mathis expliquait dans l'émission Capital comment la politique du chiffre de dossiers par la CAF pouvait conduire à ne pas examiner convenablement les droits des allocataires. Deux jours plus tard, la déléguée CGT est menacée de blâme… pour d'autres « motifs ». La solidarité s'organise.
La Caisse d'allocations familiales de Moselle n'aurait-elle pas apprécié l'alerte lancée par la déléguée CGT Sandrine Mathis sur les allocataires qui n'arrivent pas à faire valoir leurs droits ? diffusée le 17 janvier 2021, la syndicaliste expliquait qu'en raison de la politique du chiffre voulue par la direction, les agents se retrouvaient dans l'incapacité d'examiner l'ensemble des droits auxquels pouvaient prétendre les usagers.
L'émission mettait notamment en cause la fermeture de sept antennes ayant entraîné une baisse de 28 % des personnes reçues par les conseillers. L'insuffisance des effectifs, la déshumanisation et le tout numérique génèrent bien évidemment des dégâts collatéraux, tant pour les allocataires souvent désemparés face à l'absence d'interlocuteurs, que pour les agents des CAF évalués des critères quantitatifs en termes de demandes traitées dans un temps donné.
Une scène étrange… et ses suites
Deux jours après son passage remarqué sur M6, les collègues de Sandrine ont pu observer une scène étrange sur son lieu de travail. Sandrine Mathis nous la rapporte : « Le mardi 19 février 2021, en mon absence, la direction a demandé aux représentants du personnel des autres organisations syndicales (hormis la CGT, donc) , de venir constater la présence d'affichages “sauvages” dans un bureau. Ils arrivent dans l'open-space où je travaille et montrent plusieurs “affiches”. L'une d'elles est une documentation de l'INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) qui précise les effets néfastes des conditions de travail des salariés en Open-space. Un autre document est un petit tableau magnétique de 15 cm de hauteur, lequel nous avait été offert il y a quelques années par la direction ; où j'avais écrit : “augmentation de salaire, meilleures conditions de travail, plus de personnels. J'attends le père Noël…” Ce sont là les deux documents qu'ils ont pris en photo pour me convoquer à un entretien en vue d'une sanction. Ils ont aussi photographié deux autres éléments sur mon bureau : une photo où j'étais en manif avec des collègues, et une autre avec des amis et une collègue tenant un verre à la main, le tout datant d'il y a quelques années. Ils ont considéré que c'était de l'affichage syndical. Enfin, la quatrième pièce à charge est la calculatrice que j'utilise depuis des années. Dessus, il y avait un vieil autocollant CGT… »
Protection sociale, précieuse et fragile
Répression civilisée contre affichage « sauvage »
Pour la direction de la CAF de Metz, ces éléments seraient constitutifs d'un affichage « sauvage » passible de sanctions au regard du règlement intérieur de la CAF. « Vendredi 5 février2021, j'ai été reçue pour un entretien devant me notifier un avertissement ou un blâme d'ici un mois. J'ai demandé s'il y avait un lien avec ce que je disais sur M6. La direction m'a répondu que ça n'avait aucun lien et qu'en tant que représentante du personnel, j'avais le droit de m'exprimer sur les conditions de travail… » rapporte Sandrine.
Le jour de l'entretien, un rassemblement de soutien à Sandrine était organisé par l'UD CGT de la Moselle devant la CAF à Metz. La CGT n'entend cependant pas limiter ses actions au niveau local si d'aventure la procédure disciplinaire à l'encontre de Sandrine n'était pas retirée. D'ores et déjà, de nombreux syndicats de toute la France ont adressé des motions de protestation à Laurent Ponté, directeur de la Caisse d'allocation familiales de Moselle (laurent.ponte@cafmetz.caf.fr).