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JO Paris 2024

« Ce n’était pas un objectif, juste un rêve impossible »

28 août 2024 | Mise à jour le 29 août 2024
Par | Photo(s) : Nicolas Portnoi
« Ce n’était pas un objectif, juste un rêve impossible »

La cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques a eu lieu mercredi 28 août. Il y a quelques semaines, la Vie Ouvrière rencontrait Cédric Denuzière, paratriathlète, alors qu’il entrait dans la dernière ligne droite de sa préparation aux Jeux.  Cédric est contrôleur des finances publiques, dans les Hauts-de-France. Quand il ne travaille pas, ce syndiqué à la CGT pratique le triathlon. Un article publié dans le numéro 26 de la Vie Ouvrière-Ensemble.

 

Laon, dans l'Aisne. Le tramway à crémaillère qui reliait la ville basse à la ville haute a fermé en 1971. Pour accéder aux remparts, il faut prendre le bus ou monter les 265 marches qui partent de la gare. « C'est bien pour travailler le cardio, mais je ne me risquerais pas à les monter et descendre avec mes lames de course », sourit Cédric Denuzière, en déplaçant le vélo posé au milieu du salon. Natif d'un petit village isérois sur les hauteurs de Vienne, Cédric est arrivé dans les Hauts-de-France en 2019, pour travailler à la direction générale des finances publiques (DGFIP). « J'ai commencé au service des impôts des particuliers. La situation était tendue à l'époque du fait de la mise en place du nouveau réseau de proximité, qui a conduit à la fermeture de nombreuses trésoreries à travers toute la France et, ici, dans l'Aisne, un département rural. » Cédric fait alors le choix de se syndiquer à la CGT, à la pointe du combat. Son temps libre, l'ex-étudiant en tourisme le consacre à sa passion, le sport. Né avec une jambe gauche plus courte de 15 cm, cela ne l'a pas empêché dès le plus jeune âge de pratiquer le football, l'escrime, le volley. Puis le paracyclisme.

Triple Champion de France

« Je roulais avec mes chaussures orthopédiques, je m'inspirais de ce que faisaient les autres concurrents pour adapter le matériel. Dans le handisport, on voit des technologies très poussées, mais il y a aussi beaucoup de débrouillardise. » À l'Association sportive Handivienne, un entraîneur l'encourage à s'essayer au triathlon. « Je n'aimais pas trop courir, c'était compliqué avec mes chaussures orthopédiques. Mais je l'ai fait, un peu par défi. Et puis je voulais aussi varier les sports, ne pas tomber dans la routine. » Douze mois après sa première course, il devient champion de France. Et récidivera en 2020 et 2022. Malgré ces trois titres nationaux et une place de cinquième mondial, ce n'est que l'année dernière que le paratriathlète a obtenu le statut de sportif de haut niveau.

Un statut qui change tout

« C'est la fédération qui décide de qui le mérite ou pas. Le fait d'être champion de France ne donne pas davantage le droit de participer aux championnats d'Europe ou du monde. Tout dépend de l'écart avec les meilleurs mondiaux. » Le statut de sportif de haut niveau a changé beaucoup de choses aux conditions d'entraînement de Cédric. Fini les séances à la piscine le midi, l'œil rivé sur la pendule pour rentrer badger à temps. Soutenu par son syndicat, il a obtenu un aménagement de son temps de travail correspondant à un mi-temps. « Souvent, je nage au réveil ; l'après-midi, je cours ou je fais du vélo ; le soir, je le consacre à des choses que je n'avais pas le temps de faire mais qui sont essentielles quand on s'entraîne quinze à vingt heures par semaine : de la kiné, de la récupération… »

 

« Dans le handisport, on voit des technologies très poussées, mais il y a aussi beaucoup de débrouillardise. »

Une détermination de dingue

D'autant que se profile l'échéance des Jeux. « Ce n'était pas un objectif, juste un rêve impossible », dit celui qui, enfant, se levait la nuit pour regarder l'escrimeuse Laura Flessel à Atlanta ou le bobsleigh aux JO d'hiver. Bien que troisième au classement paralympique de sa catégorie, la présence de Cédric sur la ligne de départ le 1er septembre n'est pas garantie. Là encore, tout dépend de la fédération, qui rendra sa décision au cours du mois de juillet. « C'est tard, mais, en même temps, ça oblige à continuer de mettre de l'intensité à l'entraînement, à essayer de progresser », relativise l'athlète. Libéré de ses heures à la DGFIP depuis le début de cette année, son esprit est entièrement tourné vers les Jeux et la course : 750 mètres de natation, 20 kilomètres à vélo et 5 de course à pied. « On voit des gens avec une détermination de dingue sur les compétitions. Je pense à un de mes concurrents, sud-coréen. Il n'a pas de bras et nage tout en battements de jambes. Une fois sorti de l'eau, quelqu'un l'aide à enfiler des bras en plastique, les fixe sur le guidon du vélo. À la pédale, c'est un des meilleurs. » Le dernier rassemblement de l'équipe de France avant les Jeux est prévu en août. Des moments que Cédric apprécie car, le plus souvent, il se déplace seul sur les compétitions. « Mentalement, ce n'est pas toujours facile à gérer. Sans parler de la logistique : transporter le vélo, prendre garde à ne pas égarer ses lames de course. Mais je ne me plains pas. Ceux qui sont en fauteuil doivent emmener leur maison avec eux…»

 

REPÈRES

1989 : Naissance le 29 juin, en Isère.

2014 : Master en management des voyages.

2017 : Premières courses en paracyclisme et premiers succès.

2018 : Devient contrôleur des finances publiques. 

2019 : Remporte son premier titre de champion de France de paratriathlon.

2023 : Se classe troisième au championnat du monde.