20 mars 2020 | Mise à jour le 20 mars 2020
Covid-19 aura réussi ce que 70 semaines de mobilisations des Gilets jaunes, des mois de manifestations nationales et interprofessionnelles n'ont pas réussi à faire : convertir notre très libéral président en chantre de la souveraineté et de la nationalisation, en défenseur des services publics.
Une apostasie forcée. Car le nouvel « ennemi invisible », dixit Emmanuel Macron, ne fait pas que des victimes humaines. C'est toute l'économie du pays qui est désormais en quarantaine. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, annonçant déjà « une croissance négative de – 1 % en 2020 ». Autrement dit, une récession.
Dont il va falloir atténuer au mieux les conséquences pour les entreprises et les salariés.Le gouvernement donc a décidé de mettre toute querelle sociale de côté. Les débats sur la réforme des retraite et son financement ? Reportés à une date ultérieure. Tout comme les nouvelles dispositions des allocations chômage qui devaient entrer en vigueur le 1er avril ne s'appliqueront que le 1er septembre.
Et l'Élysée de sortir l'artillerie lourde pour soutenir l'économie. « Garanties de l'État à hauteur de 300 milliards d'euros pour tout prêt bancaire contracté », « dispositif exceptionnel de report de charges fiscales et sociales », « suspension des factures d'eau, de gaz ou d'électricité ainsi que les loyers » des entreprises promet le président aux employeurs.
Pendant ce temps, Bruno Le Maire propose un plan de soutien de 45 milliards pour aider les entreprises et les salariés, un assouplissement dans les règles, et la rémunération, du chômage partiel et une aide financière exceptionnelle, 1 500 euros, pour les indépendants, auto-entrepreneurs, commerçants, artisans et autres TPE pour les aider à passer ce cap. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, assurant quant à elle qu'il y aura « zéro licenciement ».
Le retour de l'État providence
Bref, c'est le retour d'un État-providence, voire plus. Emmanuel Macron allant en effet jusqu'à remettre le développement économique suivi par le pays, bien obligé de constater que « déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner à d'autres est une folie ».
Il en est même à demander la relocalisation de certaines industries sur le territoire afin de réduire notre dépendance vis-à-vis de l'étranger et rétablir une certaine souveraineté nationale dans des secteurs sensibles. Le ministre de l'Économie, s'avouant quant à lui prêt à « de la capitalisation, des prises de participations et des nationalisations pour protéger les grandes entreprises françaises si nécessaire ».
Surtout, l'arrivée inopinée, et brutale, de Covid-19 aura converti notre président aux bienfaits des services publics, désormais qualifiés de « biens précieux », d'« atouts indispensables ». Au premier rang desquels, un système de santé tenu à bout de bras par des « héros en blouse blanche, des milliers de femmes et d'hommes admirables qui n'ont d'autre boussole que le soin, d'autre préoccupation que l'humain », s'exaltait Emmanuel Macron.
Des héros oubliés, méprisés depuis maintenant plus d'un an et plus, pour lesquels il se dit aujourd'hui prêt à réquisitionner chambres d'hôtel et taxis, pas seulement ceux de la Marne, pour leur permettre de tenir dans cette « guerre » des tranchées annoncée. Quelques espèces sonnantes et trébuchantes seraient les bienvenus, ironise-t-on dans la profession.