À Paris, les livreurs à deux-roues se dotent d'un syndicat CGT
Le premier syndicat CGT des entreprises de livraison deux-roues de Paris vient d’être créé, samedi 26 juin. Avec cette ambition : doter tous les travailleurs des... Lire la suite
Après les résultats en demie teinte obtenus lors de sa rencontre avec la direction française de Deliveroo le 25 septembre dernier, rencontre obtenue à la force du mollet après avoir parcouru, avec quatre de ses collègues, quelque 1 000 kilomètres en vélo pour faire remonter les doléances et les revendications des coursiers français du livreur de repas, Jérémy Wick avait prévenu : « S'il faut aller à Londres [où est situé le siège social de Deliveroo, ndlr] pour se faire entendre, on ira à Londres ! ». C'est aujourd'hui chose faite.
Le 15 octobre, Jérémy était en effet devant les bureaux de cette société britannique, à deux pas de la Tamise. Accompagné d'un collègue lyonnais, d'une délégation de la CGT, d'une représentante de change.org, mais aussi de riders britanniques, de membres du syndicat IWGB, les Travailleurs indépendants de Grande-Bretagne très impliqués dans la lutte contre la gig economy, l'économie des plateformes numériques, et de l'ITF, la Fédération international des ouvriers du transport, qui œuvre pour la promotion le respect des droits syndicaux, notamment parmi les salariés des transports.
Certes, et à son grand regret, le coursier bordelais ne rencontrera pas Will Shu, grand patron de Deliveroo. De même qu'il n'aura pu lui remettre les 65 731 signatures récoltées en France après sa pétition initiée début août , à la suite de la baisse des rémunérations des courses décrétée par Deliveroo, et demandant, entre autres, le « retour d'un tarif minimum par course décent et fixe » ou « l'organisation officielle d'un corps représentatif de coursiers avec un réel pouvoir de négociation ». Le dialogue se limitera à un simple tweet de la direction l'invitant à « prendre contact avec l'équipe française pour toute question d'ordre opérationnel ».
« Ce qu'ils ne comprennent pas, c'est que ce n'est pas seulement mon problème, c'est celui de tous les coursiers dans les pays où Deliveroo est présent », soutient Jérémy, dont le message est clair : « On est tous réunis et l'on va se battre tous ensemble ». Les réunions avec les riders et les organisations britanniques lors de cette étape londonienne annoncent déjà plus de collaboration et de coordination des deux cotés de la Manche. Voire au-delà.
« Les Italiens ont appelé ainsi que les Espagnols et les Belges », annonce-t-il. « Le but, c'est vraiment d'avoir une coopération internationale. D'établir un rapport de force. » De quoi mettre encore plus la pression sur Deliveroo, dont l'image est par ailleurs de plus en plus écornée dans les médias.
L'annonce faite par la filiale française, mardi 15, de la mise en place d'une assurance maladie complémentaire pour ses coursiers permettra-t-elle de rehausser cette image en France ? Pas sûr, répond Jérémy, remarquant au passage que c'est l'une des dispositions mises en place dans la loi sur les mobilités. « Ils essayent de nous faire croire que c'est parce qu'il n'y avait pas cette loi que cela les empêchait de le faire avant » ironise-t-il.
Quant à l'application concrète de cette mesure, elle le laisse tout aussi dubitatif. « On sera assuré pour 15 jours, à 30 euros par jour, mais avec une carence de 7 jours. » De quoi motiver, si besoin en était les livreurs de repas, qui promettent de nouvelles actions. Cette fois-ci, au niveau européen.
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