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LIBERTÉS

Surenchère libérale, escalade autoritaire

19 février 2019 | Mise à jour le 14 mars 2019
Par | Photo(s) : Bapoushoo
Surenchère libérale, escalade autoritaire

Manifestation des Gilets jaunes, Acte 10, à Paris le 19 janvier 2019

Le 5 février, alors que convergeaient dans de nombreux départements gilets jaunes et rouges pour une journée de grève et de manifestations à l'appel de la CGT, de Solidaires et de la FSU, le gouvernement faisait adopter à l'Assemblée une loi mettant en cause les libertés fondamentales. Quel est l'enjeu de la politique répressive outrancière de l'exécutif ?

Mais de quoi a donc si peur le pouvoir exécutif ? Trois mois après le début des mobilisations des gilets jaunes, son bilan répressif dépasse celui des dernières décennies. Insuffisant pourtant pour le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, qui n'hésite pas à faire adopter urgemment une nouvelle loi dite de « prévention et sanction des violences lors des manifestations » ou « loi anticasseurs ». Vivement critiquée par des juristes et défenseurs des droits pour son potentiel liberticide, elle jette le trouble jusqu'au sein de la majorité. À quoi rime cette surenchère sécuritaire ?

« On ne tire pas sur son propre peuple », « Nous sommes borgnes, vous êtes aveugles » : samedi 2 février, pour leur douzième samedi de manifestations, les gilets jaunes ont dénoncé la répression policière, rendu hommage aux blessés des mobilisations précédentes et réclamé l'abandon par la police des armes dites « sublétales » (lanceurs de balles de défense LBD40, et grenades de désencerclement) lors des manifestations. La veille, saisi en urgence par la Ligue des droits de l'homme et la CGT qui réclament leur suspension, le Conseil d'État en avait validé l'utilisation en dépit de leur dange­rosité.

Christophe Castaner assume. Il affirme qu'il n'a « jamais vu un policier ou un gendarme attaquer un manifestant » et, selon lui, « s'il n'y avait pas de forces de l'ordre lynchées » il n'y aurait pas de blessés lors des manifestations. Qui plus est, il minimise. Lors d'une audition devant les députés le 22 janvier, il ne reconnaissait que « quatre personnes frappées violemment à la vision » et ajoutait « on parle de perte d'œil, je préfère ne pas utiliser ce terme-là […] mais [parler de] quatre personnes qui ont eu des atteintes graves à la vision, certains pouvant éventuellement perdre un œil ».

Les faits pourtant racontent une tout autre histoire. Évidemment, nul ne nie, ni des violences en fin de certains cortèges, ni des dérives graves, mais marginales, ni des affrontements avec les forces de l'ordre. Celles-ci, jusqu'à une période récente, étaient formées à la « désescalade ». Aujourd'hui, il y a plutôt choc frontal. Surtout, le nombre de blessés, la gravité des blessures et le profil de celles et ceux qui ont été atteints démentent les propos ministériels.

 

Il y a bien sûr les images et les témoignages des victimes, qui circulent sur les réseaux sociaux. Mais il y a aussi une information plus professionnelle, vérifiée, qui permet d'y voir plus clair. Le collectif Désarmons-les (contre les violences policières), le journaliste indépendant David Dufresne, ou certains journaux, recensent les victimes de blessures graves ou légères qui se comptent par milliers. Dès le 4 janvier, le collectif Désarmons-les donnait sur son site les noms de 128 blessés graves et précisait : « Une personne a été tuée [Zineb Redouane, octogénaire, victime à Marseille d'un tir de grenade lacrymogène le premier décembre alors qu'elle fermait