L’air du temps
Le renversement des valeurs est devenu un tel sport national en temps de crise que même certains magistrats se laissent influencer par des raisonnements qui ont davantage à voir avec un jugement de valeur qu'avec la rigueur juridique. Vl'à t'y pas que je tombe sur un arrêt de la Cour de cassation où un salarié, licencié pour motif économique et invalide de surcroît, avait été exclu du bénéfice d'une indemnité additionnelle de licenciement. Il s'estimait victime d'une discrimination car, disait-il, un plan de sauvegarde de l'emploi doit s'appliquer à tous les salariés dans la même situation que les autres salariés au regard de l'avantage en cause sans restrictions.
ça commence à me pomper l’air
Réponse de la Cour de cassation : la différence de traitement était justifiée car les salariés qui bénéficient d'une pension d'invalidité se trouvent, après leur licenciement, dans une situation de précarité moindre que les salariés en activité qui perdent, après la rupture de leur contrat de travail, l'intégralité de leur salaire et donc l'essentiel de leurs revenus ! Bah voyons, il est bien connu que l'on est moins précaire quand on est invalide, surtout quand il s'agit de retrouver du travail ! Et qui sont les prochains sur la liste ? Les accidentés du travail qui sont mieux indemnisés que les accidentés de droit commun ? Les chômeurs qui peuvent être indemnisés et ceux qui ne le sont pas ?
Moi, tous ces raisonnements dans l'air du temps qui visent à opposer les travailleurs les uns aux autres pour le plus grand bonheur des patrons commencent sérieusement à me pomper… l'air !