À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT

Brouillons ou feuille de route ?

Frédéric Dayan
7 juin 2017 | Mise à jour le 13 juin 2017
Par
Après les documents révélés lundi par le Parisien, les notes de la Direction générale du Travail publiées dans Libération ce mercredi, il est devenu clair que le gouvernement réfléchit à des scénarios de réforme du code du travail bien plus drastiques que ceux annoncés aux organisations syndicales et qu’il prend soin de ne pas dévoiler toutes ses intentions à quelques jours d’un scrutin législatif où le maître-mot est de donner une majorité au chef de l'État.

En effet, à en croire la liste des « réformes demandées par le cabinet » — celui de Muriel Pénicaud — à son administration, la ministre du Travail envisage de faire exploser le Code du travail et l'on n'est pas surpris de retrouver dans ces documents les revendications patronales si vieilles qu'elles étaient déjà dans la bouche du père de Pierre Gattaz. Après les dénégations du Premier ministre mardi, nouveau rétropédalage ce mercredi, cette fois de la ministre du Travail qui dément catégoriquement l'existence d'un « plan caché. (…) La seule chose qui vaille, c'est le document que nous avons envoyé aux syndicats », assure Muriel Pénicaud.

Vrais ou faux documents ? Ébauches ou brouillons ? Ballon d'essai pour jauger la combattivité syndicale ? Tout est possible. Et si ces révélations font grand bruit, c'est d'abord parce qu'on ne prête qu'aux riches, ensuite parce que le chef de l'État a annoncé vouloir aller très vite. Ces « bonnes feuilles » ou ces épures des ordonnances permettent au moins de lire par-dessus l'épaule, voire de lire dans les pensées d'Emmanuel Macron et Édouard Philippe. On peut aussi interpréter ces « fuites » comme autant de gages donnés à l'électorat de droite à quelques jours des législatives. Ou bien soupçonner le gouvernement de préparer les esprits au pire afin de faire accepter le moins pire tout en revendiquant un dialogue social exemplaire et constructif. Il n'y aurait rien de bien nouveau dans ces méthodes.

Pour autant, on ne peut pas — on ne doit pas — considérer que tout est écrit. Au contraire, il va évidemment beaucoup dépendre des 48 rendez-vous avec les organisations syndicales et patronales (six par organisation), mais surtout de l'intervention des salariés comme ce fut le cas en 2016 contre le projet de loi du gouvernement Valls. Pour sa part, la CGT appelle « l'ensemble des salariés à se mobiliser pour peser dans les jours et les semaines à venir à partir de leurs revendications qui sont à l'opposé des intentions gouvernementales ». Autrement dit, la différence entre les brouillons et le texte final des ordonnances ce sera le rapport des forces…

La prochaine édition de la NVO à paraître le 21 juin consacrera un dossier de 10 pages sur le thème « la France selon Macron ».