ISF : Macron lâché par les siens
Parce qu’il n’a lâché que des miettes le 10 décembre dernier face aux gilets jaunes, Emmanuel Macron n’a pas convaincu sur les ronds-points et surtout, il ne s’est pas débarrassé de cette image de « Président des riches ». Elle lui colle à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock depuis qu’il a, notamment, décidé de supprimer l’ISF tout en faisant les poches des retraités pour financer ses cadeaux fiscaux aux « premiers de cordée ». Et depuis il s’y accroche bec et ongles en dépit de la mobilisation sociale. Comme s’il n’avait pas encore compris combien est forte l’aspiration à la justice fiscale. Comme s’il n’avait pas mesuré l’intolérance grandissante vis-à-vis de la fraude et de l’optimisation fiscale, les ponts d’or consentis aux Google, Amazon et aux multinationales.
Pourtant, interrogés par l’Ifop pour le Journal du Dimanche, 77 % des Français disent être favorables au rétablissement de l’Impôt de la Solidarité sur la Fortune (ISF) à l’issue du « grand débat national » voulu par Emmanuel Macron. Ce président qui se dit légitime à décider de ces réformes injustes ne recueille même pas l’adhésion de ses électeurs. Ainsi, le même sondage nous apprend que plus de 60 % des partisans de La République en Marche souhaitent le rétablissement de l’ISF. En s'arc-boutant sur cette mesure, Macron fait une nouvelle fois la preuve de son décalage stratosphérique avec le réel. Mais il ne faudrait pas qu’il s’en tire en lâchant sur l’ISF pour s’exonérer d’une vraie réforme fiscale. L’ISF est plus qu’un symbole, mais le rétablir sans changer d’un iota un système fiscal de moins en moins progressif, qui fait peser ses recettes sur les plus modestes par les taxes et les indirects serait vain.