La tentation autoritaire de l’Élysée
Celle d'une répression policière au bilan sans commune mesure depuis les années 1960. Celle d'une surenchère législative sécuritaire. Dépité que les revendications de « ceux qui ne sont rien » deviennent soudain ostensibles, Jupiter se laisse aussi tenter par l'ingérence dans les missions de la presse. Il la voudrait « neutre », comme une injonction à renoncer à toute analyse. En même temps, le parquet n'hésite pas à tenter de perquisitionner Mediapart, au détriment du secret des sources, lorsque le journal en ligne publie des informations compromettantes sur « l'affaire Benalla ».
Cette tentation autoritaire n'est pas neuve, qui se manifeste notamment, depuis des mois, dans des parodies de dialogues sociaux où les organisations syndicales ne sont convoquées que pour négocier les modalités de mise en œuvre des réformes que l'exécutif décide. Et l'enjeu est là. Les citoyens devraient souscrire à ces réformes ultralibérales dont jouit le grand patronat, ou plier. L'image, choquante, de ces lycéens de Mantes-la-Jolie agenouillés mains sur la tête et réduits au silence, fait là figure de métaphore.
Mais lycéens et manifestants ont su détourner cette scène, en la répétant dans les rues comme une revendication de solidarité et de dignité. Et le locataire de l'Élysée, qui mène campagne et se met en scène dans ce « débat » dont il a lui-même défini les sujets et énoncé les questions, aurait intérêt à être plus attentif à la multiplication des luttes, où le jaune et le rouge commencent à se mêler.