Pour Geneviève Legay. Jupiter ne l’a pas écrit, mais…
Je les avais pourtant avertis : Alexandre étant — provisoirement ? – hors-jeu, les lacrymogènes et les LBD ne suffisant plus, j'avais annoncé le déploiement de l'armée, une première depuis plus de sept décennies quand des mineurs en grève avaient été, déjà, sévèrement matés. Les factieux auraient dû comprendre : j'en appellerai dorénavant au dispositif Sentinelle à la fois contre la menace terroriste et pour contribuer au rétablissement de l'ordre.
Bien sûr, je n'enverrai pas les troupes au contact de ces émeutiers qui contestent ma politique, ils ne sont pas formés à cela. Mais tout de même, comme l'a dit Christophe en intronisant le nouveau préfet de police de Paris. « Votre modèle est Georges Clemenceau, sa main n'a jamais tremblé quand il s'agissait de se battre pour la France, la vôtre ne devra pas trembler non plus ». Pouvions-nous être plus clairs ?
Mais décidément, les Gaulois ne sont pas seulement réfractaires à mes réformes, ils sont aussi ignares. Ils ne savent même pas que Georges Clemenceau avait lui aussi donné de la troupe contre les grévistes des charbonnages en 1906. Et à cette époque, le sang coulait. Ou alors, s'ils savent, ils sont bien téméraires et irréfléchis. Ils se prétendent déterminés, j'estime en réalité que leur obstination à manifester relève plutôt du fanatisme. Une nouvelle preuve de leur dangerosité.
Bref, il y eut cette femme. Porte-parole d'une vague organisation probablement gauchiste, Attac 06, la voilà qui se blesse lors d'une charge policière dans une manifestation que mes représentants avaient pris soin d'interdire. Et voilà ses proches qui osent parler de répression et énoncer je ne sais quelles autres billevesées. Je sais, je sais, j'avais promis de mettre un terme à mes impulsions de petites phrases, de ne plus stigmatiser Jojo le gilet jaune, les illettrées de Gad et tous ces gueux qui ne sont rien.
Mais je n'ai pas résisté. Je n'y parviens pas. Alors cette Geneviève Legay de 74 ans, je lui ai bien sûr souhaité un prompt rétablissement, mais je l'ai aussi invitée à plus de sagesse. À son âge, on reste faire sagement du tricot chez soi et on ferme ses volets avant les manifestations pour ne pas risquer une grenade lacrymogène. Ou on retourne bosser. Parce que si on est capable de descendre dans la rue, on ne va tout de même pas prétendre qu'on doit prendre sa retraite. J'en glisserai un mot à Agnès.