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Retraite : on tourne autour du pivot

Frédéric Dayan
29 août 2019 | Mise à jour le 29 août 2019
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Si un jour elle est mise en œuvre, la notion d’âge pivot aura connu plusieurs vies. Inscrite noir sur blanc dans le rapport du Haut commissaire à la réforme des retraites on l’a crue finalement enterrée en grande pompes par Emmanuel Macron sur le plateau du JT de France 2 à l’issue du G7 de Biarritz. « Je préfère qu’on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge » a indiqué le chef de l'État à Anne-Sophie Lapix qui l’interrogeait. La présentatrice du JT croyait peut-être tenir là le scoop de l’année capable de détrôner du Panthéon de l’info Léa Salamé et Nicolas Demorand accoucheurs au petit matin de la démission de Nicolas Hulot. Hélas, il ne s’agissait que d’un énième couac dans la cacophonie de l’exécutif sur ce sujet.

Évidemment les observateurs ont vu dans cette annonce une main tendue à la CFDT -favorable à une retraite à points, mais en maintenant l’âge légal à 62 ans- et une fine tactique pour déminer un dossier potentiellement explosif sur un sujet qui a déclenché l’ire des syndicats le 18 juillet dernier à la sortie du rapport Delevoye. Bien dans son rôle, le Medef qui ouvrait ses universités d’été quelques jours après a réagi à l’annonce présidentielle en revendiquant fromage ET dessert, c’est à dire en l’occurrence que la future réforme allonge la durée de cotisation et repousse l’âge de la retraite. Et comme la fonction d’un pivot c’est de faire pivoter, au risque de faire demi-tour -voire un tour complet-, l'Élysée s’est empressé de rétropédaler pour rassurer le patronat, sans se fâcher complètement avec Laurent Berger. Et c’est la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye qui s’y est collée en assurant deux jours après que, malgré la préférence exprimée par Emmanuel Macron pour la durée de cotisation, « l’idée de l’âge pivot » n’est pas « enterrée » pour la réforme des retraites. Après des semaines de cacophonie au printemps, le gouvernement qui avait lancé l’idée avant de rétropédaler avait fait rebaptiser la chose en « âge d’équilibre » . Un nouveau nom pour vendre aux Français un mensonge de campagne du candidat Macron qui affirmait ne pas vouloir toucher à l’âge de la retraite. Cet âge pivot encadré d’une décote et d’une surcote a bel et bien été perçu comme un levier pour faire travailler les salariés plus longtemps, mais qu’on ne s’y trompe pas, l’autre levier consistant à allonger la durée de cotisation est tout aussi redoutable, notamment parce qu’avec un âge de plus en plus tardif d’entrée dans la vie active et des carrières hachées par la précarité, les actifs les plus qualifiés et les plus précaires vont devoir travailler au delà des 65 ans. Dès lors, on ne peut s'empêcher de voir que tout cela a pour but de rapprocher fin de carrière et fin de vie et servir le moins longtemps possible des pensions de plus en plus riquiqui.