Urgence : le coup de l’état permanent
L'impétueux Tancredi, neveu du prince, y symbolise la nouvelle génération de cette noblesse, lui qui préfère rejoindre les troupes du républicain Garibaldi pour tenter de perpétuer de facto le pouvoir de ses congénères ; et la stratégie du jeune Tancredi s'avère digne du Prince de Machiavel : « Il faut que tout change pour que rien ne change. »
Le nouveau locataire de l'Élysée y puise-t-il son inspiration ? Le renouvellement générationnel qu'il exalte et le chamboulement de l'échiquier politique qu'il célèbre (tout en réinsérant ceux qui lui prêtent allégeance) font en apparence écho aux aspirations populaires au changement. Paradoxe : le rejet – bienvenu – de l'extrême droite lors de la présidentielle, puis l'abstention historique lors des législatives ont contribué à porter au pouvoir l'ancien ministre de l'Économie de François Hollande et à lui assurer une large majorité de sièges à l'Assemblée. En jeu : l'amplification des politiques libérales honnies.
Dans ce contexte, Emmanuel Macron souhaite inscrire dans le droit commun les mesures de l'état d'urgence adopté contre le terrorisme. Et rendre ainsi l'état d'urgence permanent. Pourtant, de la COP 21 aux mobilisations contre la loi « Travail », l'exécutif n'a eu de cesse de le détourner de son objectif annoncé, pour entraver les mouvements sociaux et criminaliser les militants, notamment syndicaux.
Le chantre de la société civile en aurait-il peur lorsqu'elle se manifeste autrement que sur des CV et lettres de motivation de candidatures électorales ? Dès cet été, en tout cas, les militants syndicaux et singulièrement de la CGT auront à cœur de défendre l'avenir des droits des travailleurs. Et de la démocratie.