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Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis devant le parlement.
Ce lundi 3 novembre au matin, c’est le choc devant de nombreux bureaux de la Poste de Grèce (ELTA) : les portes sont closes. Quelques jours avant, une fuite dans la presse avait révélé l’intention de la direction d’ELTA de fermer 45% des bureaux du réseau. C’est chose faite, sans discussion préalable avec les salariés, les syndicats, ou les élus. Face au tollé suscité par la décision, le gouvernement a suspendu les fermetures des bureaux. Mais l’intention reste : la direction et le gouvernement veulent « rationaliser et moderniser » l’infrastructure d’ELTA. Cette réforme « sera mise en œuvre », affirme le porte-parole du gouvernement, Pavlos Marinakis. Pour la confédération syndicale grecque GSEE, ce projet « conduira inévitablement une organisation autrefois solide à un déclin qui aura des répercussions sociales et économiques importantes pour le pays et pour des milliers de citoyens. »
La Poste grecque est une institution de bientôt 200 ans. En effet, le 24 septembre 1828, le gouverneur de Grèce Ioannis Kapodistrias, le « père » de la Grèce moderne, signe le décret lançant le service postal général (« Génikon Tachydromeion »). Avec la crise de 2010, au cours de laquelle la Grèce est soumise à une austérité drastique, les services publics sont dans le viseur des créanciers. ELTA est d’abord transférée au fonds de privatisation puis passe sous le contrôle du « Superfonds » en 2018. Elle devient une société anonyme à but lucratif alors que, parallèlement, le secteur est ouvert à la concurrence et que les outils numériques de communication prennent en importance. Cependant, ELTA est également l’organisme prestataire du service universel du pays, tenu de « fournir en permanence, à un prix abordable et avec une qualité définie, à tous les citoyens, les services postaux qui font partie du service universel, indépendamment de leur situation géographique ».
Dans un pays qui compte des centaines d’îles, des zones rurales et montagneuses retirées, ELTA joue un rôle essentiel. Outre les services de courrier, dans ces bureaux, les habitants peuvent percevoir les allocations, les pensions, ou encore s’acquitter des factures et des amendes. Sauf que le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis (Nouvelle Démocratie, droite conservatrice) déplore le manque de rentabilité de ce service qu’il a, pourtant, déjà amputé en supprimant des filiales d’ELTA. Avec ces 204 fermetures supplémentaires, soit 45% du réseau actuel, il ne restera plus que 250 agences ouvertes sur un total de 600 agences existantes en 2023. Parallèlement, selon différentes sources, le trafic postal a chuté de 80 % en une décennie et même de 20% au cours de la dernière année. Les bureaux de poste du pays réalisent un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros, tandis que leurs coûts s’élèvent à 90 millions d’euros.
La gestion de l’entreprise par Grigoris Sklikas, son PDG depuis 2023, pose question. Il a réduit de 58% le nombre d’agences en deux ans. Et l’État grec, en tant qu’actionnaire unique, a procédé à une injection de liquidités de 250 millions d’euros pendant cette période… A quelle fin ? Selon le site datajournalists, qui a enquêté sur le sujet, les cabinets de conseils PriceWaterHouseCoopers et Deloitte ont bénéficié de crédits. Le site a retrouvé, à ce jour, 97 contrats de différents types qui portent la signature du PDG, pour un montant qui s’élève à ce jour à 14,2 millions d’euros.
Dans ce cadre, les syndicats et l’opposition dénoncent une politique de dégradation du service et de dévalorisition de l’entreprise. La GSEE demande donc que la direction étudie ses « propositions de modernisation authentique, porteuses de réformes, mais aussi empreintes de sensibilité sociale ». Pour la GSEE, les employés et les habitants seront « gravement touchés ». Les premiers « seront contraints de quitter leur foyer pour ne pas perdre leur emploi » quand « de larges couches sociales vont perdre leurs points de référence locaux et leurs liens avec l’organisme. »
Pierre Wassermann

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