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élections législatives

Faire barrage, plus que jamais

3 juillet 2024 | Mise à jour le 3 juillet 2024
Par | Photo(s) : © Capture d’écran BFMTV - RMC Story
Faire barrage, plus que jamais

A quelques jours du second tour des législatives, un front républicain contre l'extrême droite se dessine, grâce au désistement de plus de 221 candidats. Mais la force de ce barrage doit avant tout aux forces progressistes alors que la droite, le patronat et une partie de la macronie jouent avec le feu.

Les résultats du premier tour des législatives connus, la question du front républicain pour faire barrage à l'extrême droite électrise les débats, sans doute comme jamais. Sur les 306 triangulaires envisageables au lendemain du premier tour des législatives, on n'en dénombrait plus que 94, le 2 juillet (date limite du dépôt des candidatures pour le second tour des législatives), selon les derniers décomptes. 221 candidats en situation de se maintenir au second tour avaient finalement renoncé à se présenter pour le scrutin du 7 juillet.

Une gauche exemplaire, la droite beaucoup moins…

Les appels à ne pas se maintenir auront été respectés quasiment partout à gauche, et, à une moindre échelle par la majorité présidentielle, en accord avec la tardive clarification de Gabriel Attal. « Dans les circonscriptions où le maintien de notre candidat entraînerait une victoire assurée de l'extrême droite face à un candidat qui défend les valeurs républicaines, on se retire », a indiqué le premier ministre sur TF1 au lendemain du premier tour, le 1 juillet. Une déclaration qui ne fera pas oublier l'attitude irresponsable du président de la République, qui, non content de précipiter le pays dans le chaos avec la dissolution de l'Assemblée nationale, affirmait avant le premier tour des législatives que  « les deux extrêmes allaient mener à la guerre civile ». Quant à la droite des « Républicains », éparpillée façon puzzle par le ralliement de son président Eric Ciotti au Rassemblement national, elle n'a tout simplement pas donné de consigne, renvoyant ainsi dos à dos Nouveau Front populaire (NFP) et Rassemblement national.

L'extrême droite ne doit pas prendre les rênes du pouvoir. Jamais nous ne mettrons dos à dos l'extrême droite avec une quelconque autre force politique

Une position très sévèrement jugée par la CGT, qui a, pour sa part, donné des consignes claires de vote en faveur du programme du Nouveau Front populaire, dès le 18 juin : « la CGT appelle solennellement toutes les forces républicaines à prendre leurs responsabilités, à ne pas se maintenir sur des triangulaires qui assureraient la victoire de l'extrême droite (…). En 2002, en 2017, et en 2022, l'extrême droite a déjà menacé de prendre le pouvoir et en a été empêchée grâce à la responsabilité des organisations syndicales et de la société civile et au vote des électeurs et électrices de gauche », a ainsi déclaré son comité confédéral national (CCN) au lendemain du premier tour des législatives. Même son de cloche du côté de l'intersyndicale CFDT-CGT-Unsa-FSU- Solidaires réunie le même jour dans la soirée :  « L'extrême droite ne doit pas prendre les rênes du pouvoir. Jamais nous ne mettrons dos à dos l'extrême droite avec une quelconque autre force politique », a-t-elle martelé.

Un patronat irresponsable

« Tous ceux qui font du tri participent à la victoire de l'extrême droite, quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent, nous, nous prenons nos engagements pour sauver la République, même imparfaite », ajoute Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT. Qui ne digère pas non plus l'attitude des représentants patronaux sur le sujet. Toute honte bue,  le patron du Medef Patrick Martin est sorti du bois le 20 juin dernier en déclarant au Figaro : « Le programme du RN est dangereux pour l'économie française […] mais celui du Nouveau Front populaire l'est tout autant, voire plus. » (lire à  sujet notre interview du sociologue Michel Offerlé sur le silence trouble du patronat).

« En faisant cela, le patronat donne des consignes implicites et montre qu'il s'accommoderait du choix le pire ! A taper comme il  le fait sur les mesures sociales comme l'abrogation de la réforme des retraites à 64 ans ou l'augmentation du Smic (prévues par le programme du NFP, NDLR), il ne voit que ses intérêts à court terme. C'est gravissime, car c'est la désespérance sociale qui est le carburant de l'extrême droite. Dans cette élection où l'on a enregistré 65% de participation au premier tour, chez les ouvriers employés, l'extrême droite fait près de 50% en cumulé. Le président du Medef s'affirme en décalage complet avec la réalité de la société parce qu'il ne voit l'entreprise que par ceux qui la dirigent. L'entreprise n'a de sens à ses yeux que si elle produit un maximum de profits à court terme, nous sommes bel et bien dans cette confrontation capital-travail, où ces patrons ne cherchent que leurs propres intérêts, quitte à livrer la République avec armes et bagages à l'extrême droite, en mettant d'ignobles traits d'égalité entre l'extrême droite et la gauche ».

Meeting place de la République

Certains sauveront ils l'honneur ? Dans une tribune publiée jeudi dans le Nouvel Obs, un millier de diplômés de grandes écoles refusent  en tous cas les consignes de Patrick Martin, qui renvoie dos à dos le RN et le Nouveau Front populaire. Quant aux associations et organisations syndicales, elles appellent plus que jamais à des mobilisations d'ampleur d'ici la fin de la semaine avant le vote de dimanche. Dès ce soir, mercredi 3 juillet, se tient un meeting  pour un front démocratique contre l'extrême droite place de la République à Paris, en présence de nombreuses personnalités de la société civile, d'autres rassemblements sont également prévus le même jour dans la Drôme, à Crest, Valence, Montélimar, ou encore à  Villefranche de Rouergue dans l'Aveyron,  le 5 juillet prochain.