
La CGT refuse l’austérité budgétaire
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Des grévistes décapsulent leur bière au soleil à côté de l'utilitaire bleu de la CGT Énergie pendant que la sono est installée sur le toit. Ils sont peu à peu rejoints par des collègues qui leur tapent sur l'épaule et les embrassent comme du bon pain. Ceux qui sont moins familiers les regardent de loin. Il faut attendre une heure pour que le cortège syndical démarre sur le Vieux-Port de Marseille ce 2 octobre. Une habitude. Ce qui l'est moins en revanche, c'est de ne pas croiser de veste siglée Elengy, l'entreprise qui opère les terminaux méthaniers de Fos-sur-Mer. Dans la foule on se demande si « les camarades vont pouvoir venir ». Depuis le 16 septembre, ils bloquent les installations de Cavaou et Tonkin et demandent la revalorisation de leur grille salariale. Plus aucun méthanier ni camion-citerne ne peut entrer pour décharger ou se ravitailler en gaz. « Peut-être qu'ils vont rester là-bas. » Il ne faut pas longtemps pour en savoir plus. Pierrot, militant de la CGT connu pour ambiancer les manifestations s’époumone micro en main, debout sur la fourgonnette : « Fos c'est bloqué les gars ! » La foule exulte comme un seul homme.
La veille, une plénière organisée entre patronat et syndicat n'avait pas fait avancer le dialogue. « On nous a vraiment pris pour des ânes », soufflait Nicolas Davan, secrétaire général de la CGT Energie Provence, au sortir de la réunion. « On nous a tous réunis pour acter l'ouverture de négociations sur les salaires, ce qu'on revendique depuis un mois. » Ils demandent à ce que les trois premiers échelons de la grille salariale soient revalorisés, « car sous le SMIC » et une abrogation de la réforme des retraites. « Avec les dernières réformes, explique Nicolas Davan, on part après 43 ans de carrière, contre 37 ans avant, sauf qu'avant on prenait 33% d'augmentation sur l'ensemble de notre carrière, maintenant c'est 24%. Si on retrouvait les trois premiers échelons et qu'on en ajoutait deux, ça nous permettrait de compenser les réformes des retraites et d'avoir une augmentation de 40% sur notre carrière. » Dernière de leurs revendications : un allègement de la facture des clients avec le retour de la TVA à 5,5% sur la consommation et les abonnements de gaz. Elle est passée à 20% l'été dernier.
En ce jour de mobilisation, la plupart des grévistes sont restés sur site pour maintenir la pression. « On avait une réunion assez urgente avec la direction pour redéfinir les modalités de grève », relève un élu syndical. Au téléphone, il dénonce « une dynamique de répression chez les managers ». Ces dernières semaines, les esprits se sont échauffés. Après l'explosion d'un gazoduc à Saint-Rémy-de-Provence, qui a privé 11 000 foyers de l'accès au gaz, la direction a réquisitionné des ouvriers pour remettre en marche le terminal de Cavaou. Ce qui laisse les grévistes suspicieux quant à l'endroit où a été réellement acheminé le gaz. Toujours est-il que, même à distance, ils s'inscrivent en soutien de la mobilisation intersyndicale du jour. Le secrétaire général de la CGT Energie Provence d'affirmer : « On n'est pas dupes, que ce soit aux terminaux ou pas, ce sont toujours les mêmes qui captent les richesses et nous asphyxient. »
Convergence des luttes
Après quelques centaines de mètres sur le Vieux-Port, Pierrot le militant cégétiste n'a pas perdu de la voix. Doigt vers la foule il hurle : « Et ils sont enfin là parmi nous, nos camarades de Fos ! » Au nombre de deux, ils sont venus jusqu'à Marseille pour « porter et représenter le combat des grévistes dans la rue », explique Nicolas, vingt-cinq ans de boîte à Fos-sur-mer. « Comme ça on montre aux autres des industries électriques et gazières que nous aussi on les soutient, eux, les services publics et les étudiants. Finalement, ce qu'on veut tous c'est une France meilleure, conserver nos acquis sociaux et une répartition des richesses. » À quelques mètres de là, Emma, étudiante en histoire de l'art, s'ambiance sur “Charger”, le morceau du groupe Triangle des Bermudes. Elle acquiesce à l'idée de convergence des luttes défendue par le gréviste du terminal méthanier : « Je vis avec 150 euros par mois et je ne reçois pas de bourse depuis deux mois. On se bat pour les mêmes causes, pour que les riches ne soient pas toujours gagnants, alors que nous, on crève la dalle. » À Marseille, 80 000 personnes étaient mobilisées d'après les estimations de la CGT. 4000 selon la préfecture. À Fos-sur-mer, une nouvelle plénière est prévue entre patrons et élus syndicaux le 9 octobre.

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