Fret ferroviaire : la CGT s'insurge contre un scandale d'Etat
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« Très contente », Laurence Sornin peut l'être. L'appel à la grève lancé pour le 2 septembre par la CGT Twisto, réseau de transports opérant sur la communauté urbaine de Caen-la-Mer, a été largement suivi. « On a eu 170 grévistes sur 540 roulants », confirme la déléguée syndicale CGT, ravie d'avoir « réuni plusieurs corps de métier : conducteurs ; maintenance ; hôtesses ; et même des maîtrises ».
Une union qu'explique l'urgence de la situation. Si les conditions de travail n'étaient déjà pas fantastiques au sein de Keolis Caen Mobilité, filiale normande du groupe Kéolis qui gère ce réseau Twisto, la mise en service, le 27 juillet dernier, de trois lignes de tramways et la refonte des lignes de bus n'ont fait qu'exacerber le problème.
« On a des temps de parcours irréalisables et il n'y a plus de temps de repos au terminus, car on doit aussitôt repartir, explique Laurence. Avec des gars sur le tramway qui ont fait des huit heures de conduite en continu. »
Autre souci pour la déléguée CGT, « le manque de toilettes dans les terminus ». Loin d'être anodin pour les conducteurs qui, comme Laurence, sont des… conductrices.
À cela, s'ajoutent le non paiement des temps de déplacements pour se rendre aux points de prise de service ; une formation à ce nouveau réseau qui se résume à « un site Internet et une vidéothèque avec les nouveaux itinéraires de chaque ligne » ; surtout, un directeur qui « nous parle comme à de la m… », épaulé par « une maîtrise qui, ici, nous tombe régulièrement dessus pour des sanctions, balance les noms de ceux qui font grève ».
Résultat : « Beaucoup de salariés sont en arrêt maladie et en burn out », confie la déléguée syndicale, qui craint que la situation ne débouche sur un nouveau drame, à l'image des deux suicides de chauffeurs qu'a connus le groupe ces dernières années. « Lundi matin, on ne demandait pas d'augmentation de salaires, rien de financier. On faisait grève juste pour pouvoir aller travailler dans de bonnes conditions. »
« Travailler dans de bonnes conditions », c'est justement ce que réclament aussi les personnels de Kéolis 3 Frontières, autre filiale de Kéolis qui, à Metz, assure un service de transport urbain, périurbain et scolaire.
Des salariés qui ont eux aussi marqué la rentrée par un mouvement de protestation qui s'est étalé sur trois jours, du 2 au 4 septembre. « Depuis le 1er juillet, nos temps de pause ne sont plus payés qu'à 50 %, et ça, sans aucune concertation avec les syndicats ou les employés », dénonce Jamal Laïtoussi.
Et le délégué syndical CGT de pointer également du doigt des temps de parcours jugés « trop courts », des « bus pourris qui puent le gasoil et sans clim, inadaptés aux handicapés et aux poussettes », un « manque d'équité » dans l'attribution de plannings qui, avec les primes de panier qui y sont attachées, permettent de gagner un peu plus ; ou bien encore des amplitudes horaires qui peuvent aller jusqu'à « 14 heures de suite », sans oublier les repos hebdomadaires qui se sont transformés en « trois jours toutes les deux semaines ». Le solde n'étant pas toujours récupéré en fin d'année.
« Les gens craquent, n'y arrivent plus, déplore Jamal. Ils se mettent en maladie, démissionnent. »
Pas question pour autant de laisser tomber. « La grève s'arrête parce que, financièrement, on ne peut pas trop se le permettre, mais on va continuer », prévient le syndicaliste messin. Qui a une idée : « Il faudrait faire un mouvement national avec tous les Kéolis. » Le message est passé.
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