CINÉMA
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La Guyane, complexe identité
6 juillet 2017 | Mise à jour le 7 juillet 2017
Par Dominique Martinez | Photo(s) : Cinéma Saint-André des Arts
À travers une série de paroles libres, le documentariste Xavier Gayan offre un portrait complexe de la société guyanaise.
Il y a habité pendant sa jeunesse, pendant dix ans. Xavier Gayan, documentariste français, est resté lié à la Guyane par un attachement personnel. Mais c’est la complexité de l’identité guyanaise et la définition de ce territoire qui l’ont guidé dans Rencontres en Guyane, documentaire filmé en février 2008, où s’impose un regard distancé, quelque part entre celui du journalisme d’investigation et celui de la sociologie.
Qu’est-ce qu’un Guyanais ? Qu’est-ce que la Guyane ? Ces questions constituent le fil rouge d’un récit libre, filmé à hauteur d’homme. Des jeunes hommes guyanais qui rient de l’image souvent erronée de la Guyane « qu’on ne place jamais là où il faut : en Afrique, sur une île », son image éternelle et réductrice de « forêt avec des fleuves et où on va en pirogue à l’école » ; un Laotien qui dit ses espoirs d’intégration mais qui se sent déjà français ; le couple mixte d’un Blanc et d’une Bushinengué qui démontent des idées reçues ; un Brésilien qui explique son immigration économique et son expérience du racisme ; un enseignant blanc arrivé de métropole qui livre son analyse sans fards; une mère de famille guyanaise qui raconte la violence des rapports entre femmes et hommes, deux jeunes femmes dominicaine-surinamaise-haïtienne et amérindienne-guyanaise qui disent celle des rapports entre « Blanches et Négresses », un handicapé, ancien toxicomane en voie de sevrage, qui dit sa solitude et ses espoirs de solidarité.
Les intervenants sont filmés dans leurs territoires, dans leurs contextes, et leurs réponses sont accueillies sans filtre ni censure. Une liberté de parole où affleure parfois le racisme, les tensions multi-ethniques, les inégalités sociales… Comme un prélude aux luttes qui ont éclaté en ce début d’année.
Ce n’est pas un hasard si le témoignage d’un ouvrier noir clandestin ouvre la danse. Travaillant comme porteur au marché trois jours par semaine pour gagner entre 3 et 10€ et s’entassant avec une soixantaine de personnes dans un lieu unique, il fait partie de la population la plus pauvre et la plus marginalisée. Embarqué clandestinement sur un bateau, il a eu a chance d’arriver jusque-là. Où il a découvert « un pays qu’on appelle Guyane ».
Rencontres en Guyane, de Xavier Gayan, 1 h 30. Sortie le 21 juin 2017. Disponible en DVD
À relire ➡️ l'article de la NVO de mai 2017 : La mobilisation a payé
