
La nuit de la duperie
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Manifestation organisée par la CGT contre l'extrême droite à Béziers. Avril 2024.
Dans le droit fil de la lutte que mène la CGT contre les idées d'extrême droite, la fédération des commerces et services a organisé une journée d'études mi-novembre portant sur les ressorts du vote en faveur du Front national, son langage, ses techniques de communication et l'instrumentalisation qu’il fait de la laïcité.
Les « fâchés fauchés ». C'est ainsi que le photojournaliste Vincent Jarousseau, qui est allé à la rencontre des électeurs du Front National, notamment dans les villes gérées par ce parti, qualifie une partie de l'électorat populaire cédant aux sirènes de l'extrême droite. Devant un aréopage de quelque 250 militants, le photojournaliste a insisté sur « la perte de repères et le sentiment de trahison suscité par la gauche au pouvoir » qui poussent une partie de la classe ouvrière dans les bras du Rassemblement National. Le bulletin glissé dans l'urne est alors un « vote de dépit et non d'adhésion idéologique », pour reprendre le thème d'un atelier auquel les militants ont participé. « Là où un électeur assène une idée d’extrême droite en trois minutes, un militant met vingt minutes à la déconstruire. L’objectif de ces échanges est d’outiller les syndiqués pour les aider à démonter ces allégations », explique Mélanie Basty-Ghuysen, membre de la Comission exécutive de la CGT Commerces et services, par ailleurs élue au CSE de l’enseigne Action. Le parti de Marine Le Pen séduit toujours plus ceux qui se considèrent appartenir au « mauvais milieu », « ni assez riches, ni assez à l'aise, ni assez pauvres pour bénéficier du soutien public ». Jouant sur les peurs, le parti d'extrême droite séduit en reprenant des thématiques sociales telles que les bas salaires, les retraites et les conditions de travail. Pour ratisser toujours plus large, le RN a policé son discours. Finis les propos outranciers et ouvertement xénophobes de Jean-Marie Le Pen. Même si sur le fond, la radicalité et la violence perdurent, le RN, en quête de rassemblement, a lissé son discours, usant de l'euphémisme plus que de l'hyperbole.
« Le Rassemblement National utilise un langage simple, fort et répété. Aller au plus vite, plus fort et plus faux », décrypte Erwan Lecoeur, politologue et sociologue spécialiste de l'extrême droite et de l'écologie politique. La fachosphère, les trolls et influenceurs diffusent massivement ces mêmes récits. Ils créent une réalité qui n'existe pas, mais qui paraît pourtant crédible et très inquiétante. Le récit qui en est fait plonge la France dans un chaos social, divisé et dangereux. « Les mots créent la réalité et le RN est en train de gagner cette bataille des mots », constate Erwan Lecoeur. Jouant sur les apparences de la diversité, Marine Le Pen a su aussi s'entourer par exemple de collaborateurs homosexuels, hors du cadre militant LGBT, mais pour autant prône des valeurs homophobes et réactionnaires. Le philosophe et historien Pierre Kahn a lui, expliqué comment le RN instrumentalise la laïcité aux fins de division et d'exclusion. L'extrême droite détournant cette valeur républicaine pour stigmatiser les compatriotes de confession musulmane. Le défi reste de reconstruire du sens, du lien et des repères pour contrer une dynamique qui se nourrit du désarroi.

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