8 novembre 2019 | Mise à jour le 8 novembre 2019
Après des grèves dans différents magasins Conforama suite à l'annonce d'indemnités de licenciement « honteuses » dans le cadre d'un plan de licenciement touchant près de 2000 postes, les syndicats et les salariés passent à l’offensive judiciaire
Le plan de licenciement annoncé au premier semestre 2019 représentait déjà une gifle pour tous les salariés du groupe. Mais l'annonce, il y a quelques semaines, du montant des indemnités supra-légales (qui s'ajoutent aux indemnités légales ou conventionnelles de licenciement) pour les personnes licenciées, a sonné comme une deuxième gifle cumulée à des annonces ubuesques sur la situation financière du groupe. Les syndicats, CGT, FO et CFE-CGC ont choisi d’attaquer en justice…
« Certains ici étaient là à l'ouverture du magasin il y a 40 ans, ils se sentent trahis », a souligné Gilles Guez, représentant CGT. Lorsque la direction de Conforama a proposé, à la mi-octobre, des indemnités « supralégales » sous forme de forfaits : 1 000 euros entre zéro et 10 ans d'ancienneté, portés à 2 000 euros entre 10 et 20 ans et 2 500 euros au-delà, les syndicats avaient alors appelé à une grève illimitée et différents magasins avaient été touchés dans toute la France.
Pour Gilles Guez les sommes proposées étaient « ridicules », comparées aux montants habituellement pratiqués dans un plan social : « chez Carrefour, ils partent avec une indemnité supralégale de 2 mois de salaire par année d'ancienneté, et chez Castorama, où notre nouveau PDG Marc Ténart a été dirigeant, avec 1,6 mois par année d'ancienneté ».
Une gestion désastreuse
Jérôme Moussayan, délégué CGT, avait mis en cause la gestion de Conforama et ses choix assez étrange avec « l'achat de parts dans la société de vente en ligne Showroomprive.com pour 150 millions d'euros, revendues moitié prix six mois plus tard, le contrat avec la Ligue 1 de football pour 24 millions d'euros, l'organisation de fêtes à l'Olympia et à la Pyramide du Louvre pour les 50 ans du groupe pour 1,5 million d'euros… »
« Sans parler des malversations chez notre actionnaire Steinhoff, qui ne publie plus ses comptes depuis deux ans », renchérit Gilles Guez. Steinhoff, est un groupe sud-africain qui s’était effondré après les annonces en décembre 2017 de la démission de son PDG et la découverte d'un « trou » de 6 milliards de dollars dans ses comptes. Conforama a annoncé en juillet dernier la fermeture de 32 magasins de l'enseigne Conforama et celle de 10 magasins Maison Dépôt, ainsi que 1 900 suppressions de postes sur un total de 9 000.
Des actions en justice
Car le groupe Conforama invoque, lui, 500 millions d'euros de perte pour justifier le choix de la fermeture des magasins et les licenciements. Cette situation financière aberrante, et la gestion comptable pour le moins hasardeuse du groupe servent d’argument aux décisions annoncées et aux propositions ridicules d’indemnités pour des personnes ayant fait toute leur carrière, pour certain·es, dans l'entreprise. Une situation qui révolte les salariés, mis à la porte avec des cacahuètes. Et qui attendent des lettres de licenciements qui arriveront en janvier.
Les actions en justice doivent permettre d’obtenir des éclaircissements sur ce que les syndicats et leurs conseils considèrent être des fraudes massives, avérées, des irrégularités comptables. Tout cela ayant largement pesé sur les comptes du groupe et dans les choix sociaux qu’ils dénoncent.