L’hôpital est au bord du gouffre
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Un « tiens » vaut mieux que deux « tu l'auras »… Voilà le commentaire adressé à la direction de l'établissement et à la municipalité par le collectif « Hôpital La Grave ». Composé de syndicats de salariés et de personnels du CHU toulousain, du comité de quartier Saint-Cyprien, d'associations telles que Act Up-Sud-Ouest, le groupe milite depuis le mois de mai pour le maintien et l'amélioration des services de santé publique installés sur l'un des sites emblématiques de la Ville rose.
« La Grave, c'est ce dôme vert, celui de la chapelle Saint-Joseph qui surplombe la Garonne. L'hôpital est l'un des symboles de Toulouse et, depuis le XIIIe siècle, un lieu d'accueil et de prise en charge pour les indigents, rappelle Jean Escartin, qui siège au conseil de surveillance de l'établissement pour la CGT. Or, la direction du CHU et la mairie menacent cet accès aux soins, vital pour plus de 30 000 patients, qui viennent visiter chaque année les différents dispositifs : des primo-arrivants sans couverture sociale, des SDF, des patients VIH, des réfugiés, des enfants, des adultes, des familles… »
Si la suppression des services qui permettent un suivi médico-social des populations les plus démunies et les plus vulnérables n'est pas à l'ordre du jour, leur délocalisation semble clairement dans le viseur des propriétaires. Outre la vente de bâtiments non classés au promoteur immobilier Kaufman & Broad par le CHU, le maire, Jean-Luc Moudenc, peaufine la candidature de la Ville rose pour une inscription à l'Unesco. Le projet, annoncé en 2014, justifie l'ambitieux « Grand Parc Garonne » qui comprend notamment le réaménagement du cheminement piéton depuis La Grave jusqu'au jardin Raymond-IV, attenant au musée des Abattoirs.
« Notre rencontre la plus récente avec l'ARS [agence régionale de santé] n'a abouti qu'à deux certitudes quant au futur projet d'établissement, précise Jean Escartin. D’abord, aucune décision ne devrait être prise avant l'arrivée du nouveau directeur à la tête du CHU [effective le lundi 2 juillet, NDLR]. En second lieu, il nous a été annoncé l'ouverture de 16 lits d'accueil médicalisés au pavillon Junod, à Purpan, dont la gestion sera confiée à l'association UCRM (Union Cépière Robert-Monnier) qui intervient auprès des publics en situation ou en risque de fragilité. »
D'ici à imaginer que l'ensemble des services soient à terme regroupés dans ce pavillon du CHU, il n'y a qu'une hypothèse que le collectif n'hésite pas à formuler : « Alors qu'une prise en charge au plus près des populations, c'est-à-dire en centre-ville, devrait demeurer un impératif et une prérogative publique, on répondrait par l'ouverture d'une sorte de supermarché de la précarité et de la pauvreté dont l'accès serait restreint par l'éloignement géographique, aussi par une privatisation des services et des soins. »
L'annonce du 22 juin, loin de rassurer les défenseurs d'un hôpital de santé publique en centre-ville, offre une nouvelle occasion de réclamer des garanties. « Parce que ce projet de déménagement porterait atteinte aux droits et aux besoins des patients, conclut Jean Escartin. Aussi parce que, dans un contexte de démantèlement du service public, il est important de rappeler que l'on ne peut pas faire du chiffre sur le dos et sur la santé du personnel, comme sur ceux des usagers, quels qu'ils soient. »
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